Compte-rendu de fin de projet ANR: Projet ANR- 17-CE17-0022 CIMMAP
Abstract
30 % de la population mondiale est atteinte d’une maladie atopique et on estime qu’en 2050, 50% de la population sera touchée. La dermatite atopique (DA) est la maladie atopique la plus précoce, apparaissant souvent chez l’enfant avant ses 1 ans. D’autres pathologies allergiques se développent plus tard, comme l’allergie alimentaire, l’asthme et la rhinite. Les maladies atopiques sont liées à des dysfonctionnements précoces du système immunitaire et des barrières épithéliales, avec comme cause un déséquilibre des microbiotes. Ainsi, en favorisant la mise en place d’un microbiote protecteur en début de vie, nous pourrions favoriser la mise en place de l’homéostasie intestinale et systémique et prévenir les maladies atopiques. La grossesse pourrait être la 1ère fenêtre d’opportunité d’intervention possible.
Les prébiotiques sont des oligosaccharides non-digestibles de notre l’alimentation capables de moduler le microbiote en favorisant la croissance de bactéries bénéfiques pour la santé et de moduler le système immunitaire en induisant un environnement tolérogène. Nos études précliniques ont montré qu’une supplémentation maternelle en prébiotiques GOS/inuline réduisait le risque d’allergie alimentaire chez la descendance. Notre étude clinique PREGRALL a évalué l’effet d’une supplémentation en GOS/inuline chez 376 femmes allergiques pendant la grossesse sur la prévalence de la DA chez l’enfant à un an. La prévalence de la DA observée atteignait 20% des enfants PREGRALL à un an (45% attendu dans cette population à risque) mais aucun effet du traitement prébiotique n’a été observé. Grâce à une biocollection unique (sang, selles, lait maternel) réalisée chez 126 dyades mères/enfants PREGRALL, nous avons démontré que la supplémentation modifiait le microbiote maternel fécal en augmentant les bifidobactéries ainsi qu'en augmentant des ASV de Bifidobacterium et la charge microbienne chez les enfants lors de la 1ère semaine de vie. La supplémentation a eu un impact sur les cellules B sanguines de la mère et des nourrissons d’un an atteints de DA. Le métabolome du sérum maternel, du sang de cordon et du lait maternel était modifié par la supplémentation, mais pas les facteurs immunitaires et de croissance. Ainsi, le traitement prébiotique des mères au cours de la grossesse modifie leur microbiote intestinal, leur métabolome et leur immunité, et l’effet est transmis à leurs enfants en début de vie. Certains biomarqueurs précoces ont été identifiés comme prédictifs de la survenue de la DA à un an.