D’une façon générale, un corridor représente une emprise spatiale garante de la connectivité dans un réseau écologique. Pour les cours d’eau, cette notion est non seulement liée à une zone spatialement identifiée comme riparienne, ou corridor rivulaire, qui se définit comme une bande de végétation naturelle située le long d'un cours d'eau, Mais, c’est également un milieu où se cumulent de nombreuses fonctionnalités écosystémiques : zone tampon, filtre d’épuration, zone de provision et de rétention de nutriments, habitat, écotone et couloir de connexion, de contact et d’échange. L’étude du corridor rivulaire est par conséquent indissociable de celle de la rivière, de son paysage et de son bassin versant. Quelles sont les échelles pertinentes à considérer pour appréhender la continuité écologique des corridors rivulaires? Comment construire une approche qui tienne compte de l’échelle de réalisation des processus d’échange et de contact ? Le focus de mes travaux au laboratoire d’hydroécologie quantitative repose sur les cours d’eau à l’échelle large de la France avec une attention particulière portée à leur structure et leur fonctionnement hydromorphologique. Les altérations physiques, la fragmentation des habitats, mais aussi la pollution se présentent comme des pressions emboîtées à différentes échelles, qui peuvent se cumuler au sein des réseaux hydrographiques. Pour correctement identifier leurs impacts et pouvoir y remédier, il fallait mobiliser de nouveaux concepts et bâtir un programme de recherche à moyen terme pour développer de nouvelles méthodes d’analyse hiérarchique, notamment pour caractériser la notion de connectivité. Le travail repose sur une sélection de variables spatiales d’intérêt, concrétisée ensuite par leur extraction géomatique à partir de bases de données couplées à des systèmes d’informations géographiques ou à partir de documents cartographiques, incluant par exemple l’imagerie à très haute résolution spatiale. Ces caractéristiques, résumées par des indicateurs spatiaux qui renseignent les ruptures de continuité, sont ensuite utilisées pour explorer avec un nouveau regard et une ouverture du champ spatial (réseaux hydrographiques, effets amont aval) des relations fonctionnelles entre corridor et différents processus ou réponses écologiques.