La lutte intégrée contre les ravageurs vecteurs de virus nécessite de connaitre l’écologie de ces organismes. La jaunisse nanisante de l’orge (JNO), principale maladie virale des céréales, est essentiellement transmise par le puceron Rhopalosiphum padi en automne. Les objectifs de cette thèse sont d’étudier les aspects de la biologie et de l’écologie de R. padi pouvant influencer l’épidémiologie de la JNO aux échelles régionale et paysagère. Les pucerons sont des espèces à parthénogénèse cyclique. Chez R. padi, plusieurs types de lignées investissant à divers degrés dans la reproduction sexuée coexistent et sont sélectionnées par le climat hivernal. A l’automne, les lignées ‘’sexuées’’ investissent uniquement dans la reproduction sexuée qui a lieu sur le merisier à grappe, et ne contribuent pas à l’épidémiologie de la maladie. A l’inverse, les lignées ‘’essentiellement asexuées’’ peuvent se reproduire partiellement ou totalement par parthénogénèse sur différentes plantes hôtes de la famille des Poaceae. La contribution relative des deux types de lignée varie avec le climat de l’hiver précédent. Nos analyses mettent en évidence la prédominance des lignées ‘’essentiellement asexuées’’ dans la moitié nord de la France et parmi ces lignées, de quelques génotypes particulièrement abondants. L’exploitation d’habitats cultivés éphémères favoriserait chez cette espèce 1) le mode de reproduction parthénogénétique quand les conditions hivernales le permettent, 2) des génotypes généralistes capables d’exploiter une large gamme de plantes hôtes et dans différentes conditions environnementales, 3) une homogénéité génétique des populations. Nos résultats démontrent également l’influence du paysage environnant, par sa structure et sa composition, dans l’intensité de la colonisation. Cette thèse a permis de démontrer l’influence que pouvait avoir le paysage agricole sur l’évolution d’une espèce animale. Nos travaux devraient trouver des applications agronomiques importantes dans le cadre de la lutte contre la JNO. Ils nous permettent notamment d’intégrer une variable régionale dans un outil d’aide à la décision destiné à estimer le risque JNO d’une parcelle cible.