Le contexte actuel de remise en cause des activités d'élevage a conduit à l'émergence de fortes critiques des systèmes industriels. Ces critiques interrogent les éleveurs et les zootechniciens sur le sens de leur métier. Elles interpellent également les scientifiques chargés de la question du "bien-être animal" qui traitent majoritairement ce sujet en termes d'adaptation des animaux aux conditions industrielles d'élevage. Cette thèse démontre qu'affectivité et communication font partie du travail en élevage et qu'elles engagent un rapport inter-subjectif entre éleveurs et animaux contextualisé par le système de production. Elle démontre également que la recherche ne peut s'abstraire de la subjectivité et de l'inter-subjectivité dans la construction des dispositifs. Les cadres théoriques de la psychodynamique du travail, de la psychologie phénoménologique, de la communication selon l'école de Palo. Alto et le concept d'attachement sont convoqués pour comprendre, à partir d'entretiens et de questionnaires, les discours des éleveurs et mettre en relation leur parole avec le comportement des animaux ; Nous proposons des définitions argumentées de l'élevage et de l'animal d'élevage centrées sur l'idée que le travail en élevage produit une "seconde nature" chez l'homme et chez l'animal qui fait la grandeur du métier d'éleveur en lui donnant un sens collectif qui dépasse la rationalité économique. Le bien-être peut alors être décrit comme la possibilité pour les animaux et les hommes d'exprimer dans le cadre du travail des comportements livres et de pouvoir agir sur leur monde de façon autonome. L'élevage, parce qu'il implique l'affectivité, participe de la construction de l'être humain et de la société humaine. L'obligation de l'éleveur pour lui-même et pour la société est de tenir ses engagements envers les animaux, de respecter les termes de l'échange avec l'animal et les règles de travail : notre modèle social et les choix politiques à faire sont en jeu.