A l'heure où les connaissances scientifiques jouent un rôle croissant dans la compétition entre les firmes, l'organisation des savoirs prime-t-elle sur leur simple détention ? La réponse part du concept de cohérence des bases de connaissances des firmes, celles-ci étant d'autant plus cohérentes que les technologies détenues pas les firmes sont complémentaires. A partir d'une base de données sur les brevets de biotechnologies, l'auteur retrace la co-évolution des biotechnologies et des bases de connaissances de 99 firmes actives dans ce domaine. Deux types de résultats sont avancés. (i) Le rythme de création de connaissances en biotechnologies ne ralentit pas. Les années 80 constituent une phase d'exploration du paysage biotechnologique et de compétition entre technologies, alors que les années 90 représentent une phase d'exploitation des savoirs. En outre, les firmes explorent l'environnement technologique en diversifiant leurs bases de connaissances. Dans les années 90, les firmes se spécialisent dans des compétences technologiques complémentaires. (ii) La cohérence est un déterminant discriminant de la création de connaissances, du profit et de la valeur boursière des firmes de biotechnologies, lorsque les complémentarités technologiques sont stabilisées. Dans les années 80, c'est la diversité des savoirs de la firme qui contribue positivement à ces trois performances. Enfin, les firmes diffèrent non pas dans la détention de compétences technologiques qui leur sont propres, mais plutôt dans leur architecture idiosyncrasique. Ces conclusions incitent à appliquer la cohérence à d'autres thématiques, telles que la relation entre les formes organisationnelles de la firme et sa cohérence, ou le rôle de la cohérence comme déterminant essentiel des relations inter-firmes.