Cette thèse porte sur les apprentissages alimentaires dans la prime enfance (de la naissance à l'âge de trois ans, c'est-à-dire la période préscolaire). La pertinence de ce découpage tient d'une part au faible degré d'autonomie des enfants : ils ont relativement peu le choix de leur alimentation. D'autre part, à ce stade du développement de l'enfant, les apprentissages alimentaires occupent une place prépondérante : l'alimentation est alors aussi bien l'objet d'une éducation directe (formation du goût, apprentissage des phases de déroulement d'un repas) que le moyen d'inculquer des principes plus généraux (usages du temps et de l'argent, construction d'un rapport à soi et aux autres). Enfin, la prime enfance, en tant que moment de construction de la personnalité, est un moment privilégié d'intériorisation des normes sociales. L'objet de cette recherche porte, en fait, sur les pratiques éducatives des parents. En effet, si les déterminants sociaux et démographiques ont une influence sur l'alimentation, ils en ont une aussi sur les pratiques éducatives. Dans quelle mesure la manière dont les parents nourrissent leurs enfants est-elle un révélateur de leurs conceptions de l'enfance et de l'éducation ?