Ce travail tente de questionner la thèse dominante de l'affaiblissement de l'industrie agro-alimentaire française par la grande distribution à travers des relations jugées principalement conflictuelles. Pour cela, l'auteur se livre dans une première partie à une analyse du modèle français des relations producteurs-distributeurs dans le système alimentaire, menée sur deux plans. Une analyse dynamique, basée sur une étude historique des relations, est complétée par une étude de l'appareil réglementaire et par une étude de la demande ; une analyse statique distingue les principales composantes des relations. Cette double approche permet de substituer à la thèse dominante celle de la stimulation des producteurs par la concurrence sur les marchés avals, au bénéfice du consommateur. Ceci heurte la tendance des pouvoirs publics à administrer ces filières à partir de l'amont, afin de protéger les producteurs. Une vérification empirique est tentée dans une deuxième partie au moyen de quatre études de filières choisies en raison de leur diversité en terme de structure de marché : ultrafrais laitier, biscuits sucrés, fruits et légumes et volailles. Ces études montrent selon les cas comment la grande distribution entretient ou crée les conditions de la concurrence entre producteurs. Ceux-ci étant amenés à opérer un dédoublement stratégique, la conquête des linéaires devenant aussi vitale pour eux que celle des consommateurs.