Partant d'un questionnement sur les choix de localisation géographique dans les parcours d'insertion des jeunes d'origine rurale, ce travail propose une analyse plus générale de la structuration des parcours d'insertion, introduisant la dimension spatiale. Les migrations, mais aussi d'autres décisions cruciales dans les processus d'insertion (la formation, l'expérience professionnelle), peuvent être appréhendées comme des acquis en capital humain. Une réflexion sur la composition de ce capital a conduit à intégrer des éléments difficilement monétisables (tels que le soutien familial) et à préciser le rapport à l'espace entretenu par chaque élément le constituant. On cherche alors à dégager les liaisons de complémentarité et de substituabilité entre les éléments du capital humain élargi et à montrer comment ces liaisons sont motrices de sélections dans les parcours d'insertion. L'approche proposée se démarque des analyses orthodoxes en terme de capital humain dans sa volonté d'introduire le contexte de décision (socio-économique, économique et géographique) et de ne pas analyser les choix uniquement à travers les caractéristiques des individus. Le test des hypothèses repose sur l'estimation de modèles logit et spatio-temporels qualitatifs. Après l'étude de l'acquisition des éléments du capital humain élargi et des types de complémentarité et de substituabilité existants, on s'est intéressé à des transitions particulières dans les parcours (issues de chômage, entrées et issues d'emplois stables, etc.) On montre ainsi que les parcours d'insertion des jeunes d'origine rurale se déclinent sur trois modes, où les choix de localisation se combinent de façon différenciée avec les autres éléments mis en oeuvre. Cette différenciation devrait permettre de relire les dispositifs d'aides à l'insertion dans une perspective spatiale peu usitée.