La sensibilité à l'induction de l'obésité et du syndrome métabolique par un régime gras et sucré s'accompagne d'une efficacité protéique accrue dans le foie et diminuée dans le muscle
Abstract
Introduction et but de l’étude : Il existe une forte variabilité interindividuelle de réponse à une alimentation trop grasse et
sucrée : chez les individus les moins aptes à gérer cet excès chronique d'énergie, elle favorise le développement d'une
obésité (O) parfois associée à un syndrome métabolique (SM), avec des altérations du métabolisme énergétique mais
aussi probablement du métabolisme protéique qui sont encore mal connues. Cette étude visait à mieux identifier la
variabilité de réponse à un régime gras et sucré ainsi que les différences métaboliques entre individus sensibles et
résistants à l'O et au SM, en utilisant des biomarqueurs isotopiques des orientations préférentielles du métabolisme
protéique, les abondances naturelles en 15N (δ15N) des tissus.
Matériel et méthodes : 36 rats Wistar mâles, de poids initialement similaires, ont été nourris avec un régime riche en
lipides et sucres, suivis pour leurs consommation et gain de poids pendant 4 mois puis euthanasiés pour mesurer
paramètres biochimiques, composition corporelle et δ15N des protéines tissulaires par spectrométrie de masse à ratio
isotopique. Nous avons discriminé les rats selon leur sensibilité à l'O et au SM par une classification non supervisée
(proc cluster sous SAS), sur la base de 2 indicateurs d'O (poids et adiposité viscérale) et de 2 indicateurs de SM (HOMAIR
et triglycérides hépatiques). Nous avons calculé le Zscore global d'O et de SM (ZOSM) comme la moyenne des Zscores
de ces 4 indicateurs, puis analysé les corrélations entre ZOSM, efficacités protéiques tissulaires (protéines tissulaires /
protéines ingérées) et δ15N tissulaires.
Résultats et Analyse statistique : La classification a distingué 3 groupes de rats : résistants à l'O et au SM (R, n=12),
sensibles à l'O mais résistants au SM (O, n=12), ou sensibles à l'O et au SM (OSM, n=12). Les rats R, O et SM avaient
les caractéristiques suivantes (moyennes ± écart-types, significativement différentes si elles portent des lettres
différentes) : poids de 542 ± 42a, 620 ± 44b et 670 ± 33c g ; adiposité viscérale de 6,9 ± 0,5a, 8,3 ± 0,3b et 8,6 ± 0,7b % ;
HOMA-IR de 7,1 ± 3,4a, 10,0 ± 5,7a et 21,7 ± 7,3b μg·mmol·L-2 ; triglycérides hépatiques de 57 ± 14a, 62 ± 20a et 101 ± 13
b μmol·g-1 ; efficacités protéiques de 2,37 ± 0,20a, 2,41 ± 0,31ab et 2,62 ± 0,18b % dans le foie, 0,53 ± 0,08a, 0,49 ± 0,04a
et 0,43 ± 0,04b % dans le muscle gastrocnémien, et 0,19 ± 0,02a, 0,17 ± 0,02ab et 0,16 ± 0,02b % dans le muscle tibialis.
Le ZOSM était corrélé (P<0,01) positivement à l'efficacité protéique du foie (R=0,54) et négativement à celles des muscles
gastrocnémien (R=-0,48) et tibialis (R=-0,45), et négativement au δ15N des protéines du foie (R=-0,47), érythrocytes (R=-
0,43) et poils (R=-0,49).
Conclusion : Dans ce modèle, la sensibilité à l'O et au SM concerne 2/3 de la population, avec 1/3 en O saine et 1/3 en
O avec SM. Chez les individus sensibles, l'efficacité d'utilisation anabolique des protéines alimentaires est plus grande
dans le foie mais plus faible dans certains muscles, et la plus grande efficacité anabolique hépatique est liée à une
moindre orientation catabolique des acides aminés dont attestent les plus faibles δ15N du foie et d'autres pools plus
accessibles (érythrocytes, poils).
Conflits d’intérêts: Aucun conflit à déclarer
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Food and Nutrition
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