Dans le domaine des inondations, il est de plus en plus prôné des politiques affichant de fait une coexistence des enjeux avec le risque. Le pari de ces politiques reposent sur la possibilité d'adapter efficacement les enjeux situés en zone inondable, plutôt que de les soustraire à l'inondation. Dans un contexte où il est demandé aux gestionnaires d'évaluer l'efficience des projets pour lesquels ils demandent des subventions à différents échelons (locaux, nationaux voire européens) par le biais d'analyse de type coût-bénéfice, ces politiques nécessitent un développement méthodologique pour analyser la vulnérabilité des enjeux et quantifier ainsi, en terme de dommages évités, les bienfaits de leur adaptation. Ces politiques, notamment celles de « restauration des zones d'expansion de crues » ou de « réduction de la vulnérabilité » concernent plus particulièrement le secteur agricole. C'est par exemple le cas sur la basse vallée du Rhône. Nous avons développé, en lien avec les gestionnaires du Rhône, le modèle EVA permettant de répondre à ces exigences pour les exploitations agricoles. Nous montrons comment cette modélisation systémique des exploitations agricoles permet d'estimer plusieurs sources de dommages. Premièrement, cette modélisation permet de tenir compte de ce qui est classiquement considéré, c'est-à-dire les dommages directement en lien avec l'endommagement des composantes physiques de l'exploitation (bâtiments, outils, stocks, parcelles etc.). Elle permet également de tenir compte des conséquences induites sur l'activité de l'exploitation du fait de la perturbation de son organisation interne comme de ses liens avec son environnement (filières amont et aval, marché du travail). Cette possibilité ouvre la possibilité de considérer l'évaluation des politiques dites de « réduction de la vulnérabilité » qui visent à modifier l'organisation des exploitations pour les rendre plus adaptées aux inondations.