Changement climatique. De modèles prédictifs mondiaux vers des méthodes d’adaptation à l’échelle de l’exploitation viticole
Résumé
Depuis la fin des années 1980, les différents rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont alerté la communauté internationale d’une augmentation de la température ainsi que de la fréquence et de l’intensité des aléas climatiques au niveau mondial. Même s’il existe de nombreuses incertitudes sur l’intensité du changement climatique et ses conséquences, l’amélioration de la fiabilité des modèles du climat montrent que le réchauffement global sera compris entre 2 et 6 °C (selon les scénarios) à l’horizon 2050-2100 (GIEC, 2013). Aujourd’hui, malgré la convergence des résultats issus des modèles globaux, deux grands types d’incertitudes demeurent : l’amplitude du réchauffement climatique et la localisation des effets attendus. Il est encore très difficile d’estimer quels seront les impacts locaux et donc comment s’adapter. La vigne a toujours été un bon indicateur de l’évolution du climat du passé et du présent d’une part, car il s’agit d’une plante pérenne dont les différents stades de croissance sont corrélés avec des indices bioclimatiques connus et d’autre part, car il existe de nombreux documents historiques sur le climat passé dans les anciennes exploitations viticoles. De nombreux auteurs ont montré la relation entre les dates de vendanges et les grandes périodes climatiques avec notamment une avancée moyenne des dates de vendanges de plusieurs semaines ces cinquante dernières années. Les différents travaux sur la relation entre le cycle de croissance de la vigne et le climat ont permis d’aborder le thème de l’impact du changement climatique sur la viticulture. À la fin des années 90, les premiers travaux concernant l’impact du changement climatique ont consisté à analyser des indices bioclimatiques tels que les dates des stades phénologiques et de vendanges, et les teneurs en sucres. Les résultats ont montré que durant le XXe siècle, la température moyenne annuelle a augmenté dans la plupart des régions viticoles mondiales même si l’on note une forte variabilité suivant les pays. D’un point de vue spécifiquement « thermique », il a été montré que certaines régions viticoles en Europe, en Amérique du Nord et en Australie ont atteint, voire dépassé leur optimum pour la culture de la vigne. Dans certaines régions viticoles d’Europe du Sud ou d’Afrique du Nord, cet optimum thermique est dépassé régulièrement chaque année depuis la fin des années 1980, ce qui rend la viticulture de plus en plus compliquée. Au début des années 2000, la mise à disposition de modèles globaux à la communauté scientifique (autre que les physiciens de l’atmosphère), a marqué le début des travaux sur la modélisation du climat futur sur la viticulture mondiale. Le calcul des indices bioclimatiques en fonction des différents scénarios du GIEC a montré d’importantes modifications potentielles de la répartition des vignobles à l’horizon 2070-2100 avec la disparition de certaines zones comme au sud de l’Australie ou dans les pays méditerranéens et l’avènement de nouvelles aires où la culture de la vigne serait possible comme en Europe du Nord.