Institutional change and illegal immigration in Mayotte. What were the consequences for working relations in the agricultural sector ?
Changement institutionnel et immigration clandestine à Mayotte. Quelles conséquences sur les relations de travail dans le secteur agricole ?
Résumé
En 1976, l'île de Mayotte choisit de rester française et se sépare du reste des Comores dès lors indépendant. Deux référentiels culturels et sociaux s'y rencontrent aujourd'hui, celui de la métropole et celui inspiré des origines africaines et arabo-musulmanes de la société locale. L'appartenance à l'ensemble français assure par ailleurs aux Mahorais un niveau de vie en constante amélioration, tandis que le jeune Etat comorien n'a cessé de subir instabilités politiques et crises économiques. Ces trajectoires contrastées entretiennent des migrations massives et illégales de Comoriens venant tenter leur chance à Mayotte. A travers l'exemple de l'agriculture, l'article montre que loin de se conformer au seul référentiel métropolitain, Mahorais et migrants entretiennent des relations de travail complexes, fondées sur des relations de marché enchâssées dans des rapports de réciprocité ; illégales pour la métropole, ces relations sont partiellement légitimées par le référentiel local partagé par les deux communautés. Les innovations produites sur le marché illégal du travail parviennent cependant de plus en plus difficilement à contenir les tensions dues à l'ampleur des flux migratoires.