Construits largement sur des pratiques et des usages sociaux issus de la très longue période, les savoirs biologiques mobilisés tant dans l'agriculture que dans la santé ont longtemps échappé à l'uniformisation et donc à la privatisation. Jusqu'à une période récente, en effet, l'hétérogénéité des pratiques et des organisations sociales a favorisé une grande dispersion dans les techniques de production ; les systèmes de prix et les modalités d'appropriation sont venus de leur côté conforter cette diversité. En un mot les spécificités des histoires comme celles des références culturelles se sont ajoutées à la volonté des Etats pour constituer de sérieux obstacles à la privatisation du vivant. Les années 90 marquent cependant, avec l'homogénéisation des pratiques de recherche, la recomposition des appareils productifs et la volonté de certains acteurs de privatiser le vivant, une accélération sensible dans le changement des techniques biologiques. Ce changement ne découle pas alors du seul approfondissement des connaissances scientifiques, mais bien de la concurrence d'évolutions économiques, sociales et politiques portée par la mondialisation qui en constitue le support. Ces évolutions qui favorisent l'industrialisation des connaissances biologiques ne conduisent pas cependant à une expression uniforme de ce que d'aucuns ont qualifié de "Révolution génétique"