A partir d'une investigation empirique réalisée dans la durée, cet article propose une analyse des conditions de développement et du fonctionnement du marché du faire-valoir indirect dans un village de basse Côte d'Ivoire, selon trois lignes directrices. La première traite des conditions d'émergence et de développement des pratiques contractuelles agraires, en faisant apparaître l'essor remarquable du marché locatif induit par l'introduction de la culture de l'ananas et une forte immigration, ainsi qu'une forte dichotomie, sur ce marché, entre des tenanciers burkinabé et des propriétaires fonciers ivoiriens. La seconde explore la question de l'exécution des engagements contractuels en montrant que le caractère informel des pratiques contractuelles ne nuit en rien au dynamisme de ce marché. La dernière évoque l'incidence, sur les pratiques contractuelles, des relations inter-ethniques tendues et du projet de certains acteurs d'aller vers une segmentation ethnique du marché du faire-valoir indirect en cessant de louer des terres aux burkinabé.