Liens entre changements de pratiques et performances pour évaluer la transition agroécologique dans les systèmes d’élevage laitiers à l’Ouest du Burkina Faso
Résumé
Les producteurs de lait de l’ouest du Burkina Faso font évoluer leur système de production pour répondre à l’augmentation de la demande en lait. La transition agroécologique semble être à favoriser pour accroitre durablement la production de lait. Pour accompagner les producteurs dans une transition agroécologique et durable, il est important de comprendre au préalable les processus de changement et de tracer l’évolution des performances des ateliers laitiers au regard de l’agroécologie. Un cadre d’analyse a été développé : i) pour caractériser des trajectoires des exploitations en déterminant les changements de pratiques intervenus entre 2 périodes de 2000 à 2017, et ii) pour mesurer leurs performances au regard de l’agroécologie. La diversité des trajectoires de ces systèmes d’élevage a été analysée sur un échantillon raisonné de vingt exploitations laitières. Une Analyse en Correspondances Multiples (ACM) a été réalisée en prenant en compte 13 variables caractérisant les pratiques d’élevage. Un deuxième passage d’enquête a été fait chez 6 éleveurs pour évaluer les performances des exploitations en termes de productivité, d’efficience, d’autonomie, et de résilience. Les résultats de l’ACM montrent deux profils de trajectoire. Le premier profil de trajectoire (7n) semble correspondre à des exploitations en voie d’intensification et de spécialisation laitière. Il se caractérise par : i) par le recours accru aux aliments et par une réduction du pâturage, ii) un abandon des races locales et régionales pour des vaches de type métis, et iii) un abandon de la monte naturelle pour la synchronisation hormonale et l’insémination artificielle. Une exploitation représentative de ce profil présente entre les deux périodes étudiées : i) une augmentation de la production laitière de 389 à 3425 litres / vache / an, ii) une augmentation de la part de lait produit en saison sèche de 28 à 66 % de la production totale, iii) des coûts de production en augmentation de 12 à 645 FCFA / litre de lait. Le second profil s’inscrit davantage dans une transition agroécologique. Il correspond à des exploitations qui maintiennent un système d’élevage diversifié (n12). Ce profil se caractérise par : i) des pratiques d’allotement des vaches traites pour mieux contrôler leur alimentation, ii) par un recours accru aux aliments concentrés (tourteau de coton, son de maïs) ainsi qu’aux fourrages autoproduits et achetés, et iii) le maintien des races locales. Une exploitation représentative de ce profil a ainsi augmenté : i) la distribution d’aliment concentré de 0 à 320 kg de matière sèche(MS) / vache laitière et fourrage de 0 à 280 kgMS/ vache traite / an, ii) la part de lait produit en saison sèche de 19 à 49 % de la production totale, iii) la productivité laitière globale de 354 à 392 litres de lait / vache traite / an, iv) les coûts de production de 9 à 106 FCFA / litre. La présence continue de vaches laitières dans les exploitations familiales a contribué à l’amélioration de l'intégration agriculture-élevage, en raison de leur capacité à fournir 50% des besoins de fertilisation organique des cultures. En conclusion, les profils d’exploitations présentent des situations, des évolutions, et des performances très contrastées en termes de transition agroécologique. Pour répondre à la demande en lait des laiteries en quantité et en régularité, les exploitations du profil 1 ont opté pour la spécialisation laitière et un schéma d’intensification qui les rend fortement dépendantes des intrants du marché, d’une génétique qu’il ne maitrise pas (recours à des races européennes sans schéma de sélection), une gestion des effluents souvent négligée, et le bien-être animal sacrifié (élevage hors sol ou forte concentration d’animaux en stabulation). A l’opposée, les exploitations du profil 2 présentent des systèmes d’élevages diversifiés à orientation laitière, s’appuient sur des savoirs traditionnels, des races locales, et valorisent les ressources locales. Cependant, les niveaux de production de ces systèmes d’élevage restent limités. Plusieurs schémas d’évolution des systèmes d’élevage laitiers sont à l’oeuvre, et il est important de bien comprendre leurs modalités, leurs déterminants et de tracer l’évolution de leurs performances pour accompagner ces exploitations dans la transition agroécologique.
Origine | Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte |
---|
Loading...