Ecoalim : diminuer l'impact environnemental des productions monogastriques grâce aux éco-aliments
Résumé
L'alimentation animale peut représenter de 30 à 95 % des impacts environnementaux des produits animaux en sortie de ferme et jusqu'à 75 % du coût de production. Formuler des aliments à moindres impacts environnementaux avec un surcoût limité apparaît comme une approche innovante pour aider les productions animales à faire face aux enjeux du développement durable. Dans ce but, les partenaires du projet Ademe/Casdar Ecoalim ont développé une base de données contenant les impacts environnementaux de 160 matières premières (MP) pour 6 impacts environnementaux différents évalués par analyse de cycle de vie (ACV). En particulier, elle recense les impacts de 58 MP moyennes France (céréales, coproduits, additifs…), 27 déclinaisons selon différents itinéraires techniques et 10 MP étrangères (soja, palme). Une nouvelle méthode de formulation des aliments, dite multiobjectif, a également été développée. Elle permet de considérer simultanément dans la fonction objectif à minimiser, le prix de la formule et plusieurs impacts environnementaux (ici 4, dont le changement climatique). Un coefficient (α) permet de donner plus ou moins de poids à la réduction des impacts environnementaux. Ceci permet d’identifier le meilleur compromis entre économie et environnement. A l’optimum, les impacts calculés à la tonne d'aliment sont ainsi modifiés de -6% à -14% en production de porcs charcutiers et de +4% à -18% en poulet de chair selon l'impact considéré, par rapport à une formulation à moindre coût classique et en considérant la disponibilité actuelle des MP (LIM). Dans le même temps, le prix de l'aliment est augmenté en moyenne d'1% en porc charcutier et de 3% en poulet de chair. En améliorant la disponibilité en MP à moindres impacts (NLIM - comme les coproduits ou certains protéagineux), les impacts sont réduits de 12% à 18% en porc charcutier et modifiés de +1% à -16% en poulet de chair. En situation LIM, avec une stratégie alimentaire biphase avec restriction en porc charcutier, les impacts du kg de poids vif en sortie de ferme sont alors réduits de 2% à 10%. En poulet de chair, avec une alimentation classique en 3 phases, les impacts du kg de poids vif en sortie de ferme sont quant à eux réduits de 2% à 14% (sauf pour l’occupation des terres qui augmente de 3%). En situation NLIM, les réductions d'impacts sont de -3% à -16% en porc charcutier et de 0% à -12% en poulet de chair. Dans les deux contextes, quelle que soit l’espèce considérée, l’augmentation du coût de production est de moins de 3%. Ces résultats posent la question cruciale des assolements en France pour permettre un meilleur approvisionnement en certaines MP d'intérêt environnemental, en particulier dans un contexte où plusieurs productions animales peuvent être en compétition pour les mêmes MP. En complément d'autres stratégies d'alimentation innovantes, la formulation multi-objectif d'aliments peut contribuer à une réduction substantielle des impacts environnementaux des productions animales.