Étude multi-critères des mécanismes journaliers de stockage-déstockage du carbone alimentaire chez le porc en croissance
Résumé
L’alimentation du porc en croissance est raisonnée à l’échelle de la journée afin de maximiser l’efficacité alimentaire de l’animal en lui apportant les quantités journalières de nutriments et d’énergie dont il a besoin pour sa croissance. Cependant, la dynamique journalière d’apport des nutriments (dépendante des repas et influencée par la cinétique digestive) diffère probablement de la dynamique journalière d’utilisation des nutriments pour la croissance (plus continue), aboutissant à des phénomènes de stockage/déstockage des nutriments en particulier énergétiques (glucose et acides gras), à l’origine d’inefficacité alimentaire. Ainsi, le maintien de l’homéostasie glucidique entraîne une captation du glucose sanguin par les tissus au cours des heures suivant le repas, glucose qui est ensuite remis à disposition lors des périodes sans apport alimentaire. La nature, la localisation et l’(in)efficacité énergétique de ce stockage d’énergie à court terme sont peu connus chez le porc en croissance. L’objectif du projet était d’améliorer la compréhension des mécanismes de stockage et de déstockage du carbone ingéré, afin d’optimiser la cinétique des apports alimentaires chez le porc en croissance. Pour cela, le devenir du glucose alimentaire a été étudié consécutivement à l’ingestion d’un repas-test contenant du glucose uniformément marqué au 13C. Quatre délais post-prandiaux (2h, 4h, 8h et 24h) ont été étudiés sur 6 porcelets par modalité soit un total de 24 porcelets (PV moyen : 30 kg). Les porcelets ont reçu un repas-test enrichi par du U-13C-glucose. Afin de déterminer la dose nécessaire pour la mesure de l’enrichissement isotopique des pools corporels, 2 niveaux d’enrichissement du repas-test ont été testés (0,4 et 1% de U-13C-glucose) à chaque délai. Tous les porcelets ont été équipés d’un cathéter implanté dans la veine jugulaire et monté sur un point de pivot permettant des prélèvements sanguins sériés tout en assurant la liberté de mouvement des animaux. Les porcelets affectés aux deux délais post-prandiaux les plus longs (8 et 24h) ont été placés en chambre respiratoire afin de mesurer la cinétique de la production de 13CO2 en combinant des mesures de la production de CO2 et de son enrichissement isotopique (prélèvement d’air dans des tubes Vacutainer puis analyses par montage μgas-IRMS). A l’expiration du délai post-prandial, les porcelets ont été abattus et disséqués afin d’échantillonner le foie, le tissu adipeux sous-cutané, un muscle glycolytique et un muscle oxydatif pour caractériser leur enrichissement isotopique. Les taux de récupération du 13C sous forme de 13CO2 ont augmenté de 39 à 46% du 13C ingéré lors de l’augmentation du délai post-prandial de 8h à 24 h mais l’excrétion de 13CO2 reste significative 24 heures après l’ingestion du repas-test. Nous n’avons analysé que les plasmas des porcelets ayant reçu l’enrichissement du repas le plus élevé car la différence de δ13C maximale est restée modérée (30‰). La corrélation entre les cinétiques d’enrichissement en 13C dans le plasma et dans l’air expiré était élevée (0,75 ; P<0,01). En revanche, les variations d’enrichissement du plasma n’étaient que modérément corrélées (0,48 ; P<0,01) à celles de l’air expiré, notamment du fait de variations à court terme au niveau plasmatique qui n’ont pas pu être retrouvées dans l’air expiré. Ces données seront complétées par des enrichissements dans les pools corporels.