La réforme de l’organisation commune du marché (OCM) du vin en 2008 avait prévu la disparition des droits de plantation des vignes au sein de l’Union Européenne au-delà de 2015. La disparition de ce mécanisme de régulation du potentiel de production viticole s’inscrit dans le contexte de déréglementation entrepris par la Commission Européenne depuis plusieurs décennies. Plusieurs arguments ont été avancés par les instances publiques et privées du secteur vitivinicole en vue de la suppression de l’encadrement réglementaire des plantations de vignes. Ces arguments ont été discutés et contestés par plusieurs études européennes. L’un de ces arguments concerne la production d’externalités positives des vignobles dans des zones d’où ils seraient, sinon, éliminés. Peu de travaux ont prêté attention à la valeur des externalités créées par la viticulture. Nous ne disposons pas de mesure globale, mais nous considèrerons en plus de la prévention et de la régulation des crises liées à l’évolution du potentiel de production, les effets de réputation par le classement des paysages et leur pérennisation, les conséquences en matière de tourisme et les créations d’emplois directs et indirects. Ce travail s’appuie sur une double approche méthodologique : des entretiens semi-directs en face à face et par voie téléphonique ayant pour cible les professionnels et décideurs privés de l’industrie vitivinicole européenne, ainsi que des représentants du secteur public. Une deuxième enquête en ligne (internet) à destination des professionnels européens nous a permis d’approfondir la question des externalités. En complément des enquêtes, des études de cas approfondis sur la dynamique de la viticulture de trois régions européennes (Alsace, Alentejo, Douro) nous a permis de mettre en relief les dynamiques territoriales à l’œuvre. Nos résultats montrent des liens étroits entre la régulation d’un marché encadré par la réglementation des plantations et les externalités qui leur sont associées.