Le parfum des prairies permanentes : liens avec les insectes pollinisateurs et la qualité du lait
Résumé
Les prairies permanentes hébergent une diversité d’organismes microbiens, végétaux et animaux qui tous émettent dans l’atmosphère des composés organiques volatils (COV). Il en résulte un paysage chimique qui contient des informations inexplorées sur le statut biotique des prairies et les services écosystémiques qu’elles rendent. Nous avons mesuré in situ le paysage chimique de deux prairies permanentes par micro extraction en phase solide GC-MS, durant 2 périodes de 3 jours en juillet et dans 3 mises en défens par prairie. Nous avons obtenu des profils riches en COV (67 composés au total) avec une proportion faible de terpènes. La différence de paysages chimiques entre les deux pâtures s’est avérée plus faible que ce que nous attendions au regard de la diversité végétale contrastée entre les deux prairies. Nous avons néanmoins mis en évidence quelques COV caractéristiques de l’une ou l’autre des prairies. Nous avons également montré un effet significatif de la période sur beaucoup de COV, pouvant s’expliquer par un effet combiné des conditions climatiques, plus favorables en deuxième période, de l’évolution du stade phénologique des plantes et du prélèvement par les vaches. Enfin, nous avons identifié des COV corrélés positivement ou négativement à la présence d’insectes pollinisateurs. Nous avons ainsi démontré qu’il est possible d’obtenir le paysage chimique d’une prairie et que ce paysage semble effectivement riche en information. Il nous faut à présent augmenter la puissance analytique et statistique de la méthode pour obtenir des pics plus intenses et des corrélations plus nettes avec les insectes. Ces améliorations pourraient nous donner accès à d’autres indicateurs de services écosystémiques comme la qualité des produits, l’activité microbienne du sol, la présence de parasites des animaux domestiques etc., ouvrant ainsi la voie à un outil d’évaluation multicritère des prairies.