La réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) de 2003 a entraîné d'importants changements dans l’attribution des soutiens aux producteurs laitiers. En outre, ceux-ci sont également confrontés à une très forte fluctuation du prix des matières premières agricoles. Dans ce chapitre, nous discutons des effets croisés de la mise en œuvre de l'accord de Luxembourg et de la variation des prix sur les stratégies productives des exploitations laitières françaises. Un modèle basé sur la programmation mathématique a été construit afin de déterminer comment les producteurs de lait réévaluent leurs systèmes afin d’identifier le plan de production optimal. Tout en respectant le principe de rationalité de l'agent (maximisation du profit), le modèle intègre le risque économique lié à la volatilité des prix. Ainsi, le modèle maximise l'utilité espérée du revenu, tout en tenant compte d'un ensemble de contraintes : réglementaires, structurelles, zootechniques, agronomiques et environnementales. Le modèle offre un large choix de niveau d’intensification (utilisation d’intrant) et de combinaison productive. Ce modèle est appliqué à quatre types d'exploitations laitières afin de déterminer les impacts de la réforme sur différents systèmes techniques. Les simulations permettent de montrer en quoi la mise en œuvre du régime de paiement unique encourage les agriculteurs à modifier leurs assolements au profit d’une part croissante de prairies. Toutefois, l’augmentation du prix des céréales va dans le sens d’une intensification de la production fourragère permettant de libérer des surfaces pour les grandes cultures. Le découplage des aides spécifiques aux jeunes bovins conduit les agriculteurs à se détourner, toutes choses égales par ailleurs, de cette activité pour renforcer la production de céréales.