A la faveur du Blocus continental, Mathieu de Dombasle, avec quelque anticipation d'ailleurs, a pu développer la culture de la betterave sucrière en Lorraine. Malheureusement, les difficultés ont été nombreuses et il n'a pas eu l'opportunité de faire prospérer son entreprise. La fin du Blocus en 1814 a provoqué sa ruine. Cependant, au-delà de l'échec économique provisoire, cette expérience est une réelle réussite technique puisque Mathieu de Dombasle développe de nouveaux systèmes et procédés de culture et de transformation de la betterave sucrière, en particulier le procédé de macération inspiré des travaux des chimistes germaniques. Mathieu de Dombasle n'a négligé aucun aspect de cette "question des sucres" à laquelle il a consacré environ 12 ouvrages, articles ou brochures. C'est une activité pour laquelle il a exercé toutes ces compétences. La chimie des sucres l'a amené à une réflexion plus globale sur l'agriculture et sa modernisation. Ainsi Mathieu de Dombasle fait oeuvre d'agronome. Néanmoins, après cette déconvenue, il délaisse la chimie, science dont il estime les limites encore trop nombreuses, au profit du machinisme agricole, domaine dans lequel il acquiert par la suite une renommée internationale grâce à la charrue sans avant-train dite charrue "Dombasle". Ainsi se dessine une trajectoire d'agronome impliqué dans les questions de son époque qui n'hésite pas à manipuler de nombreux domaines de compétences pour changer les techniques de production. L'agronomie, telle que pratiquée par Mathieu de Dombasle se veut une agronomie du changement des techniques par une recherche en situation qui intervient dans le monde agricole, agissant comme un pourvoyeur de questionnement. Il s'agit donc plus d'une agronomie de l'ingénierie technique que d'une agronomie des mécanismes biologiques ou chimiques élémentaires.