La crise politique ouverte que connaît la Côte d'Ivoire depuis le coup d'Etat de 1999 est l'expression d'une crise structurelle plus profonde qui s'inscrit dans l'histoire longue du pays. L'essoufflement du modèle de croissance à compter des années 80, dans un contexte de profonde reconfiguration de l'environnement économique et géopolitique international, a remis en cause les modalités de la régulation politique interne. En coïncidant avec la fin du long règne du premier Président de la République, elle a débouché sur une crise de succession qui a absorbé toutes les énergies. Les forces politiques, au lieu de confronter des projets de gouvernement pour sortir de la crise, ont cédé aux facilités de la dénonciation et de l'exclusion qui gangrènent désormais la vie politique locale. Les évènements politiques des quatre dernières années et la partition du pays qui ne finit pas l'attestent largement. Sortir durablement de l'enlisement impose aujourd'hui d'inventer de nouveaux compromis politiques, économiques et sociaux entre les différentes parties prenantes de la nation ivoirienne.