L'article se propose d'étudier dans une perspective processuelle les conditions de transfert, d'appropriation et de gestion des actifs de l'entreprise monopolistique publique Tabacos Mexicanos à une organisation de producteurs de l'Etat de Veracruz. La privatisation a mis en jeu des intérêts privés et ceux du complexe socio-politique bâti autour du secteur public mexicain et a concerné non seulement le capital technique et productif de l'entreprise, mais aussi les fonctions de coordination et de médiation qu'elle remplissait entre les marchés, les groupes de pouvoir politique au niveau local, régional et national, ainsi que les différents acteurs sociaux, collectifs et individuels, impliqués dans la filière tabac. L'étude se centre sur les processus de changement institutionnel portant sur les conditions d'accès et d'usage des biens et services transférés. Elle aborde en particulier les difficultés de l'action collective autour de l'élaboration d'un système de normes qui permette la sanction effective des comportements opportunistes de détournement et d'appropriation à des fins individuelles de ces services, en portant l'accent sur les processus de validation à l'échelle des communautés paysannes de tels dispositifs.