Au Sénégal et jusque dans les années 90, l’amélioration des performances des exploitations agricoles familiales devait passer par l’intensification des systèmes de production et leur appartenance à un bassin de production (arachide, coton, etc.). L’exploitant agricole était ainsi considéré comme un entrepreneur dont l’objectif premier était de produire pour le marché. C’est la vision européenne de l’exploitation agricole, considérée comme une institution, qui était à la base des actions de développement et des propositions de conseil. Face aux changements de l’environnement économique (diminution de prix, désengagement de l’Etat, etc.), les ménages ruraux ont recherché avant tout la sécurité alimentaire de leur famille en diversifiant leurs productions et leurs activités économiques (cueillette, artisanat et petit commerce). L’exploitation agricole ne peut alors être considérée comme une entreprise, au sens de la théorie économique classique, car deux institutions encadrent le fonctionnement des exploitations agricoles : le marché et la famille. De ce fait elle correspond plus à un système d’activités dont le fonctionnement tient compte des logiques marchandes et familiales (individuelles et collectives). Après un éclairage sur le concept d’institution et son application à l’exploitation agricole familiale, on précisera les changements survenus dans les exploitations du bassin arachidier en terme d’organisation sociale et de fonctionnement Ensuite et en considérant l’exploitation agricole comme une institution, on montrera comment la nature des formes de coordination a évolué au sein de l’exploitation et de la famille élargie. Pour cela on s’intéressera plus particulièrement à l’organisation des activités et à la gestion de la terre et de la force de travail.