L'alimentation périnatale en France, entre normes et pratiques. Synthèse des publications de la cohorte ELFE
Abstract
L'alimentation est au coeur des premières interactions avec le nourrisson. Du fait de la biologie de la grossesse et de l'allaitement, mais aussi de l'assignation traditionnelle des femmes aux tâches nourricières, la mère est de fait l'actrice de cette prime alimentation. Loin de n'être qu'une affaire de femmes, l'alimentation périnatale est aussi une préoccupation des pouvoir publics qui contribuent à son cadrage médical, normatif et à la diffusion des recommandations nutritionnelles en la matière. Dans ce contexte, comment les femmes nourrissent-elles leurs enfants? Leurs pratiques sont-elles en adéquation avec les recommandations? Comment varient-elles selon l'appartenance sociale? Pour répondre nous proposons une synthèse des principaux résultats publiés de la cohorte nationale française ELFE sur l'alimentation pendant la grossesse, l'allaitement et la diversification infantile jusqu'à un an. Nos résultats montrent que l'alimentation périnatale reste assez éloignée des normes médicales portées par les pouvoirs publics et confirment qu'elle est socialement structurée. Les femmes mariées, les plus expérimentées, les plus diplômées, bénéficiant des meilleurs revenus, mais aussi les immigrées, présentent des pratiques plus en adéquation avec les recommandations nutritionnelles périnatales. A l'inverse, les femmes les plus distantes sont plutôt les personnes déjà en marge du modèle maternel dominant, du fait de leur jeunesse, de leur situation familiale ou de leur moindre intégration sociale. C'est sur la durée d'allaitement recommandée qu'il y a le plus de résistance, ce qui interroge le rôle de l'action publique dans la gestion des contraintes matérielles de sa mise en oeuvre, au-delà des délais légaux du congé maternité.