Expression clone-dépendante de l’Esca chez la vigne
Résumé
L’incidence des maladies du bois de la vigne (MDB) augmente graduellement au sein des vignobles, causant d’importantes pertes économiques. Le coût mondial du remplacement de vignes malades est estimé à plus d’1,5 milliards de dollars par an [1]. En France, presque 13% du vignoble est affecté [2]. Plusieurs facteurs pourraient influencer la sensibilité aux MDB, notamment le climat, l’âge de la vigne, la fertilisation du sol, le porte-greffe ainsi que le cépage [3]. Actuellement, aucun cépage tolérant aux MDB n’a pu être identifié et le niveau de l’expression des MDB pour un cépage donné peut varier en fonction de la région et d’une année à l’autre [3], et probablement selon notre hypothèse en fonction du clone. Dans ce contexte, notre objectif a été de déterminer si l’expression de l’Esca, une des MDB les plus répandues, était clone-dépendante. Deux clones (76 et 95) du cépage Chardonnay plantés dans la même parcelle ont été comparés selon leurs traits développementaux et physiologiques, leur métabolome, et l’expression foliaire des symptômes d’Esca. Les paramètres agronomiques des vignes furent mesurés durant l’été 2015, et les analyses du métabolome ont été réalisées sur des échantillons de feuilles, dénuées de symptômes foliaires, prélevées sur des vignes asymptomatiques en tant que contrôle (C), et sur des rameaux symptomatiques (D+) et asymptomatiques (D-) de vignes exprimant l’Esca. Les données de GC-MS montrent que l’expression des symptômes d’Esca induit des changements dans le métabolome des feuilles. Certains métabolites présentaient un différentiel d’accumulation entre les feuilles C et D+ au sein de chaque clone. De plus, une différence de profil métabolique entre les feuilles C et D- n’a été observée que pour le clone 95. Enfin, certains métabolites sont inversement accumulés chez les 2 clones pour les échantillons de feuilles D+, avec des quantités plus faibles que chez le contrôle pour le clone 76 et plus élevées pour le clone 95. Il s’agit notamment du kaempferol, kaempferol-3-O-glucoside, gentiobiose et quercétine. La complexité de ces résultats met en avant la difficulté de détecter, chez le Chardonnay, une empreinte métabolique commune aux 2 clones testés associée à l’expression de l’Esca. Enfin, une analyse par fluorescence 3D a également permis de discriminer les échantillons D+ de chaque clone (et de leur contrôle), montrant ainsi le potentiel de cette méthodologie pour étudier l’impact de l’esca sur le métabolome foliaire. Ainsi, cette étude montre que des clones d’un même cépage peuvent répondre, d’un point de vue métabolique, de façon différente à une atteinte d’Esca. Elle sera prochainement publiée dans la revue Frontiers in Plant Science.