L'évolution des concentrations en pesticides à l'échelle du bassin de la Seine a été appréhendée selon deux approches distinctes. La première, fondée sur une approche par modélisation physique, reprend la démarche développée dans le PIREN Seine pour les nitrates à partir de la plateforme STICS-MODCOU, alimentée par la base de données ARSEINE, laquelle décrit les pratiques de désherbage à base d'atrazine depuis 1970 sur le bassin de la Vesle (Marne). La confrontation entre concentrations aquifères calculées et mesurées permet d'observer que les ordres de grandeur simulés aux points de mesure sont cohérents, mais montre également les limites d'utilisation d'un tel modèle sur un bassin versant de taille moyenne, notamment pour ce qui est de la représentation des dynamiques associées. La seconde approche a consisté en l'analyse statistique des tendances d'évolution de la contamination observée dans les eaux souterraines. Là encore, seule l'atrazine et son produit de dégradation (la dééthylatrazine) a été étudiée. Les tendances d'évolution ont permis de montrer que la récurrence de la contamination serait encore observable en 2030 dans certains horizons aquifères vulnérables comme les Calcaires de Brie et du Champigny, certains forages montrant encore des tendances à la hausse après 10 ans d'interdiction de l'atrazine. Ces deux approches mettent en exergue, à différentes échelles, l'inertie du bassin de la Seine face aux contaminations passées. Ces résultats démontrent l'intérêt d'étudier les pesticides émergents avant qu'ils ne deviennent préoccupants pour la préservation de l'état chimique des masses d'eau.