L’allaitement maternel a une fonction biologique vitale, mais aussi une dimension symbolique, sociale et identitaire qui apparait dans la variété de ses pratiques socialement différenciées dans l’espace et le temps. Enjeu de santé publique, l’allaitement fait l’objet de nombreuses recherches épidémiologiques, mais le but de cette communication est de s’arrêter surtout sur la construction sociale et culturelle de cette pratique. Profitant de la richesse des variables socioculturelles collectées dans l’Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance (Elfe), ce travail explore les logiques d’allaitement des immigrées par rapport aux mères nées en France. Après une présentation des données et de la méthode, nous situons les niveaux nationaux d’allaitement par rapport aux autres pays occidentaux, puis ceux des immigrées par rapport à leurs principaux pays d’origine. L’application d’un raisonnement toutes choses égales par ailleurs, permet ensuite de vérifier que les écarts de pratique observés selon la situation migratoire ne sont pas le simple reflet des différences de composition, notamment sociale, entre les sous-groupes analysés, puis d’identifier les facteurs associés à l’allaitement séparément chez chacun de ces sous-groupes. Les résultats de ces dernières analyses sont présentés sous quatre angles qui synthétisent les proximités et différences d’allaitement entre migrantes, descendantes et autres natives. Ces synthèses s’articulent autour de l’effet différentiel de l’appartenance sociale d’une part, de l’entourage normatif familial d’autre part, et enfin de l’univers normatif plus large propre au pays d’accueil. Nous terminons par la synthèse des facteurs qui quelle que soit l’origine aboutissent au contraire aux mêmes logiques d’allaitement chez l’ensemble des mères, migrantes ou non.