Les 23 pays riverains de la Méditerranée constituent l’une des régions du monde les plus déficitaires en termes de produits agricoles et agroalimentaires. Cette situation de dépendance extérieure extrême s’est aggravée dans les 10 dernières années, avec d’importants changements structurels : la suprématie nordique (Union européenne) dans l’approvisionnement alimentaire de la zone est menacée par l’arrivée de nouveaux fournisseurs à l’Ouest (Brésil et Mercosur) et à l’Est (Chine, Indonésie, Inde, Thaïlande). Les flux d’IDE sont en passe de suivre le même mouvement que les exportations vers la zone méditerranéenne, les implantations industrielles des BRICS succédant aux investissements commerciaux et logistiques, tandis que se dessine un courant de land grabbing. Deux scénarios de prospective sur trois prolongent ces tendances inquiétantes pour l’Europe. Cependant, un troisième scénario fondé sur des logiques de proximité et de solidarité géopolitique pourrait, sous réserve de profondes révisions dans les pratiques de coopération régionale Nord-Sud et Sud-Sud, relancer la construction euro-méditerranéenne.