L’entrepreneuriat se positionne actuellement comme l’un des axes majeurs du développement local territorialisé. Les collectivités territoriales, voire d‘autres acteurs institutionnels territoriaux, ont créé sur leur territoire des structures dédiées à l’accompagnement des créateurs d’entreprise. Or, en développant des outils institutionnels (incubateurs, pépinières, centres de transfert de l‘innovation ...), les acteurs en charge du développement territorial participent activement à un processus entrepreneurial considéré comme de plus en plus collectif dans la mesure où il concerne un ensemble d‘acteurs de provenances diverses (Toutain, 2010). Cette conception plurielle du processus entrepreneurial suppose l‘implication de différentes parties prenantes. Leur reconnaissance explicite signifie leur identification et leur intégration à ce processus L’analyse du fonctionnement des structures d’accompagnement soulève alors la question de leur gouvernance et de la nécessité d’un leadership qui intègre et coordonne les différentes parties prenantes (élus, porteurs de projet, directeurs et techniciens de structures d’accompagnement…). Ce chapitre vise à éclairer la problématique suivante : l’intégration dans le processus d’accompagnement entrepreneurial sur un territoire de parties prenantes aux logiques parfois contradictoires n’implique-t-elle pas l’émergence d’un leadership d’expertise qui coexiste avec un leadership politique ? Il s‘agit de s’interroger sur les nouveaux modes de gestion des relations entre les parties prenantes qui interagissent pour définir et coordonner un « projet collectif » au sens de Brechet et Desreumeaux (2005, 2004). Du fait de leur histoire et du lien qui rattachent les structures d‘accompagnement aux collectivités territoriales, un leadership politique (Jones, 1995 ; Jones et Wicks, 1999) a émergé. Ce leadership politique va faciliter la coordination des activités liées à l’entrepreneuriat sous l’autorité des collectivités publiques. Toutefois, il semble que la reconnaissance des parties prenantes, détentrices de compétences spécifiques, dans la gouvernance des structures d‘accompagnement appelle de plus en plus un leadership d‘expertise. Autrement dit, et en se référant aux nombreuses définitions du leadership, la détention de compétences spécifiques confère à des parties prenantes une diversité d’expertises et par conséquent une capacité à influer sur le processus entrepreneurial en vue d’une finalité ou d’un but commun. Prenant appui sur une recherche conduite dans le cadre du Laboratoire d’Excellence « Entreprendre » de l‘Université de Montpellier sur les structures d‘accompagnement à la création d’entreprises innovantes en Languedoc Roussillon, ce chapitre apporte des éléments de réponse à ce questionnement et propose d’identifier les contours d’un leadership d‘expertise articulé à un leadership politique. Après une analyse des fondements théoriques (1) et une présentation de la méthodologie de recherche (2), ce chapitre présente et discute les résultats (3).