Substitution local cereals / imported cereals and market stabilization: an impossible connection in the Sahel? A comparative analysis between millet and rice in Mali and Niger
Substitution céréales locales / céréales importées et stabilisation du marché : une liaison impossible au Sahel ? Une analyse comparative entre le mil et le riz au Mali et au Niger
Résumé
La moitié des soixante-six pays pauvres en situation de déficit vivrier recensés par la FAO sont en Afrique Sub-saharienne. Cette situation d’insécurité alimentaire chronique se traduit à la fois par des déficits de la balance alimentaire ainsi que par une instabilité inter-annuelle des productions vivrières de base. Le cas des pays du Sahel est emblématique. La production céréalière, base de l’alimentation, est réalisée encore largement en cultures sous-pluie, peu intensifiées. Elle est soumise à de forts aléas climatiques qui entraînent des fluctuations inter-annuelles dans les volumes de production et des risques périodiques de crise alimentaire. Face à ces risques, exacerbés par la forte sécheresse du début des années soixante-dix, les pays du Sahel ont mis en place des politiques de sécurité alimentaire visant à la fois à prévenir les crises, à stabiliser les prix à la consommation et à développer la production. Cependant, compte tenu du poids politique des populations urbaines et des difficultés rencontrées pour atteindre les objectifs de croissance de la production locale, les pouvoirs publics ont dans de nombreux cas assuré la satisfaction de la consommation alimentaire urbaine en s’appuyant sur des importations de riz et de blé. Les politiques de libéralisation mises en oeuvre dans le cadre de l’ajustement structurel à partir du début des années 80 ont démantelé les politiques de stabilisation et de protection contrôlées par l’Etat, jugées par les institutions de Bretton Woods très coûteuses et peu efficaces, voire contre-productives. Une des hypothèses majeures faite sur les gains attendus de la libéralisation était que l’ouverture aux marchés mondiaux se traduirait effectivement par un renforcement de la concurrence entre produits importés et produits locaux. En d’autres termes, le bien fondé de ces orientations de politiques agricoles et commerciales reposait pour une large part sur la conviction que les consommateurs pourraient consommer indifféremment les biens alimentaires importés et ceux produits localement. Dès lors, la question de la substitution entre aliments importés et aliments produits localement est devenue une question centrale pour valider la pertinence des stratégies de la libéralisation.