Risques neurotoxiques liés à la co-exposition des professionnels de la lutte antivectorielle au DEET et à d’autres substances insecticides.
Résumé
La lutte contre les insectes vecteurs de maladies telles que le chikungunya, la dengue ou le paludisme constitue un véritable enjeu de santé publique en France, principalement dans les régions d’outre-mer. En absence de vaccins ou de traitements thérapeutiques, le recours aux insecticides et aux répulsifs corporels, reste le seul moyen de lutte contre la transmission des
agents pathogènes.
Dans ce cadre, les professionnels de la LAV peuvent s’appliquer des répulsifs corporels tels que le DEET, pour repousser les moustiques vecteurs, pendant les opérations de pulvérisation d’insecticides.
Habituellement les substances chimiques sont évaluées de manière individuelle. Cependant, lorsque l’exposition à plusieurs substances peut être simultanée, il est dans ce cas pertinent de s’assurer d’une absence d’interaction. L’hypothèse avancée par Corbel et al. (2009) selon laquelle le DEET est un inhibiteur potentiel des cholinestérases, supposerait qu’en cas de multi-exposition aux insecticides utilisés dans le cadre de LAV et agissant par les mêmes mécanismes d’action, un risque de potentialisation de la neurotoxicité pourrait être envisagé.
Suite à la publication de Corbel et al. (2009), la Direction générale de la santé (DGS) a saisi l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) le 12 août 2009 pour qu’elle évalue si les résultats de cette étude étaient susceptibles de modifier les recommandations aux voyageurs publiées dans les Bulletins épidémiologiques hebdomadaires (BEH). L’Afssaps a rendu son avis le 4 janvier 2010 et a conclu que l’étude de Corbel et al. (2009) n’était pas de nature à modifier l’évaluation du DEET et par là même, les recommandations aux voyageurs.
Pour rappel, dans le cadre de la réglementation européenne relative aux biocides, l’inscription du DEET à l’annexe I de la Directive 98/8/CE en tant que répulsif corporel (TP 19) a été votée par les Etats-membres en mars 2010.