Le processus de libéralisation et la crise ivoirienne. Une mise en perspective à partir du cas des filières agricoles - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Pré-Publication, Document De Travail (Working Paper) Année : 2003

[The implementation of liberalization policy and the Ivorian crisis. A point of view from the agricultural sector]

Le processus de libéralisation et la crise ivoirienne. Une mise en perspective à partir du cas des filières agricoles

Résumé

Les principaux faits saillants qui ressortent de la crise ouverte que connaît la Côte d'Ivoire depuis septembre 2002 sont l'expression récurrente d'une grave crise économique, sociale et politique qui résulte des blocages du modèle de croissance économique et du mode de régulation politique qui lui est lié. Bien que les réformes de stabilisation et de libéralisation mises en oeuvre en Côte d'Ivoire aient été fondées sur un diagnostic de situation pertinent à plusieurs égards, les objectifs de la libéralisation se sont avérés largement inadaptés à l'ampleur des défis ivoiriens. En particulier, ils correspondaient à un réformisme standard, dans lequel la libéralisation des filières agricoles s'est inscrite, en dépit du caractère stratégique du secteur agricole et agro-industriel dans l'économie nationale et de l'objectif affiché d'augmentation du pouvoir d'achat des producteurs agricoles. Plus généralement, les réformes n'ont pas été en mesure de répondre à l'ampleur de la crise sociale et les mesures d'ajustement structurel ont agi comme un facteur aggravant d'instabilité et d'accélération de la crise. En ne contribuant ni à l'amélioration des conditions de vie des ruraux, ni à l'endiguement de la crise urbaine, ni plus généralement aux attentes des jeunes générations, principales victimes de la crise, les réformes libérales ont laissé le champ libre aux frustrations sociales qui constituaient un terreau favorable pour les dérives ethno-nationalistes des années 90. La priorité accordée au court terme a conduit à une inefficacité des politiques de libéralisation, tant par défaut dans la mesure où les blocages structurels ne sont pas abordés de front, que par excès en raison de mises en oeuvre trop brutales. Surtout, la délégitimation de l'Etat apparaît comme une conséquence directe des réformes de libéralisation et des ajustements budgétaires. Aujourd'hui, la reconstruction nationale impose de refonder un projet stratégique à même de relever les défis d'un pays "déclassé". Tous les efforts devraient être portés sur la réhabilitation des politiques publiques, à ne pas confondre avec des politiques étatiques, qui sont par essence l'expression de choix basés sur des compromis nationaux. Dans le domaine rural, l'attention devrait être portée en particulier sur le caractère de plus en plus "rurbain" des campagnes, sur les difficultés d'insertion des jeunes, sur le rétablissement de la confiance entre autochtones et migrants, sachant que beaucoup de problèmes d'efficacité du système productif ne sont pas imputables aux régimes fonciers locaux.

Mots clés

Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02827085 , version 1 (07-06-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02827085 , version 1
  • PRODINRA : 149873

Citer

Bruno Losch, S. Mesplé Somps, J.P. Chauveau, B. Contamin. Le processus de libéralisation et la crise ivoirienne. Une mise en perspective à partir du cas des filières agricoles. 2003. ⟨hal-02827085⟩
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