Dans le Mexique rural, la dynamique du peuplement et des relations entre les générations au sein des familles paysannes a été profondément marquée par le long processus de réforme agraire (qui s'est étendu sur près de 70 ans, entre 1920 et le milieu des années 80) et par la dynamique de l'ejido, qui a fourni le cadre institutionnel de construction de nouvelles communautés paysannes. Au cours des dix dernières années cependant, la réforme légale de l'ejido, la dérégulation des marchés économiques et politiques, formalisée par la ratification de l'ALENA, et le développement des migrations longues, en direction des bassins d'emploi de la frontière Nord ou des Etats-Unis, ont créé les conditions d'une double déstructuration, de la communauté ejidale, et de l'exploitation familiale. A partir de l'analyse des formes de production et de gestion de la migration longue par les jeunes ruraux et leurs familles dans le sud de l'Etat de Veracruz, la communication propose d'explorer empiriquement les conditions d'une "refonctionnalisation" et d'une remise en selle des organisations et des institutions de l'ejido. Elle montre en particulier comment la construction de nouvelles organisations familiales, pluri-actives et constituées en archipel spatial, apparaît contingente de formes de coordination et d'action collective qui mettent en jeu l'ejido, en même temps qu'elle requière une actualisation des formes et des objets du gouvernement local.