Pendant près de 70 ans, les ejidos créés dans le cadre de la réforme agraire mexicaine ont constitué la pièce centrale des processus d’organisation socio-politique et du dispositif d’intervention publique dans le secteur rural. Cette institution a fait l’objet d’une réforme légale majeure en 1992, qui conjointement modifie le statut juridique des terres distribuées aux ejidos et redéfinit les prérogatives de leurs organes de gouvernement. Cette communication s’attache aux mutations qui ont affecté l’institution ejidale dans le contexte de la mise en application de la réforme de 1992 et du processus d’insertion économique dans le marché nord-américain (Alena). Elle s’appuie sur une étude de cas conduite dans la région des Tuxtlas, au Sud de l’Etat de Veracruz, entre les années 2000 et 2005. Il s’agit d’une période charnière du point de vue de la mise en œuvre de la réforme légale de l’ejido et des ajustements induits par le processus d’insertion compétitive au niveau des économies familiales et locales. Elle s’intéresse à la façon dont l’institution ejidale s’est adaptée aux nouveaux enjeux de reproduction socio-économique des familles rurales, en (ré)investissant des champs d’intervention dont la nouvelle législation l’excluait a priori. Elle examine plus particulièrement la capacité différenciée des autorités des ejidos de la région à mettre en place des dispositifs de fiscalité, à forte dimension informelle, dont les ressources sont orientées vers la mise en place de biens publics locaux.