Au Nord et au Sud de la Méditerranée, le monde rural est marqué depuis les années 1980 par des transformations économiques et sociales radicales, liées à la mondialisation et aux politiques de libéralisation. Le désengagement des Etats et les rôles accrus du marché et de la société civile ont conduit, d'une part, à une ré-allocation des ressources, et d'autre part, ont entraîné un vaste mouvement de restructuration des territoires, d'importants changements institutionnels et une profonde réorientation des activités des exploitations agricoles. La vigueur du changement est marquée par les très nombreuses innovations qui se produisent dans tous les domaines : innovations économiques (mise en place de nouveaux ateliers de production, intensification des systèmes de production, financement de nouvelles activités grâce aux revenus extérieurs issus de la pluri-activité ou de l'émigration); innovations organisationnelles (associations rurales pour développer des services, valorisation de produits du terroir, actions culturelles); innovations sociales (émergence des femmes, des jeunes, d'une élite rurale, d'acteurs urbains). Mais ces changements ont eu des effets contradictoires et entraînés un accroissement des inégalités en faveur des agriculteurs et des territoires qui sont mieux dotés en ressources naturelles, humaines ou financières. Il en résulte des problèmes de cohésion sociale et territoriale qui hypothèquent dans le long terme les processus de développement durable. Ces obstacles n'excluent pas que des progrès sont réalisés, par exemple une évolution très nette des modes d'intervention favorisant des démarches territoriales et participatives.