Le document propose une contribution au débat sur les ventes de terres rurales en Afrique. Une première partie montre comment l'émergence des ventes de terre en Côte d'Ivoire forestière n'est pas intervenue selon le processus envisagé par la théorie "évolutionniste" des droits de propriété et comment la "marchandisation" de la terre reste largement "imparfaite" du fait de l'enchâssement social des transferts fonciers dans la relation autochtones-migrants. Une seconde partie analyse les ventes de terre dans un ancien "no-man's land", donc hors du rapport autochtones-migrants. Dans un tel contexte, les transactions foncières correspondent bien à des ventes complètes. Une analyse diachronique révèle cependant une involution dans le marché foncier, qui s'explique par la contrainte sur l'offre induite par la transformation du droit de propriété individuel privatif des pionniers en un droit d'appropriation familial, une fois la terre héritée. Une autre dimension, intra-familiale, de l'enchâssement social du marché foncier est ainsi soulignée.