Les parents jouent un rôle déterminant dans le développement des habitudes et comportements alimentaires des enfants. L'enfant, notamment le très jeune enfant, n'est pas prescripteur de son alimentation. Il dépend de l'offre proposée (le « QUOI ») par ses parents, des horaires et des contextes de consommation qui lui sont imposés, des valeurs familiales, sociales ou culturelles environnant la prise alimentaire, mais aussi des stratégies éducatives en matière d'alimentation privilégiées par les prescripteurs (le « COMMENT ») (Rigal et al., 2012 ; Monnery-Patris et al., 2019). Ce contrôle parental externe peut avoir des effets délétères sur le comportement alimentaire de l'enfant notamment sur ses capacités d'autorégulation de la prise alimentaires, en le détournant de ses sensations internes de faim et de rassasiement. Faut-il pour autant abandonner tout contrôle parental ? Comme souvent en matière de parentalité, la réponse doit être nuancée. D'après la théorie de la « division des responsabilités » (Satter, 1990 ; Vaughn et al., 2015 ; Loth et al, 2018), ce sont les parents qui devraient être les principaux responsables du choix des aliments servis à l'enfant, ainsi que du lieu et du moment des repas. En revanche, c'est à l'enfant que reviendrait la responsabilité de décider de la quantité de nourriture à consommer. Une étude récente a également permis de mettre en évidence que la sensibilité des parents aux sensations internes de faim et de rassasiement de leur enfant, ainsi qu'un faible recours aux pratiques éducatives coercitives permettaient, dès l'âge d'un an, de favoriser une bonne régulation énergétique tout en limitant les comportements de consommation en l'absence de faim (Monnery-Patris et al, 2019). Ces données militent en faveur d'un contrôle partagé et non imposé, et d'une confiance accrue des parents dans la capacité de leur enfant à écouter ses sensations internes pour réguler son comportement.