Dans le contexte actuel de développement des pratiques ludo-sportives, de nombreux individus quittent les clubs sportifs pour s'auto-organiser (Chillet, 2019) ou pour s'organiser avec d'autres consommateurs (Heinonen et al., 2019). Ainsi, les clubs et les fédérations sportives voient leurs nombres d’adhérents diminuer (Lafabrègue, 2011 ; Eslan et al., 2019). Cette recherche propose d'étudier la littérature sur la co-création de valeur pour (i) comprendre ce qui détermine le choix des consommateurs de participer au processus de production des services ; (ii) caractériser les pratiquants auto-organisés, ce qui permettra ensuite (iii) d'identifier leurs besoins et (iv) de travailler à la création d'une offre adaptée. Nous proposons comme cas d’étude celui de l’équitation. Des recherches antérieures ont montré l'importance grandissante des propriétaires de chevaux "hors structure" (Vial, Aubert, et Perrier-Cornet 2011). Nous définissons la population "hors structure" comme les pratiquants qui gèrent leurs chevaux indépendamment de toute structure équestre professionnelle, qu'ils le fassent seuls ou en groupe. La croissance des activités équestres auto-organisées soulève des questions socio-économiques liées à l'offre de services dont les pratiquants "hors structure" ont ou auraient besoin et au positionnement stratégique des structures professionnelles pour répondre à cette nouvelle demande. Ces objectifs appliqués posent, d'un point de vue théorique, la question des dimensions de la valeur recherchées par ces consommateurs, de la création de valeur et de ses déterminants, en lien avec le choix organisationnel des pratiquants. Les intérêts académiques de cette recherche sont (1) un recoupement de la littérature sur la co-création et sur l'analyse des composantes de la valeur et (2) une contribution conceptuelle sur la co-création de valeur entre consommateurs. A l’aide d’une méthodologie mixte basée sur des enquêtes qualitatives auprès d’usagers équestres auto-organisés et de prestataires de services équestres, ainsi que sur des observations de terrain et une enquête quantitative auprès de pratiquants « hors structure », nous proposons un état des lieux des pratiques libres équestres en France ainsi qu’un panorama de l’offre des services professionnels à disposition de ces usagers. Les premiers résultats soulignent que les choix organisationnels seraient principalement liés aux ressources disponibles (économiques, foncières, matérielles), aux compétences des usagers (aussi bien équestres qu’agricoles), ainsi qu’à l’adéquation avec les valeurs de consommation recherchées. Ainsi, les usagers équestres auto-organisés semblent rechercher une ou plusieurs dimensions de la valeur liée à l’activité équestre qui ne sont pas accessibles ou proposées en centres équestres, et qu’ils ils créent donc de manière autonome ou en groupe (par exemple, valeur éthique liée à la façon dont sont gérés les équidés). Or, au lieu de cette autonomie, souvent forcée, la co-construction avec un réseau de particuliers ou avec des structures professionnelles pourrait se structurer pour répondre à la demande de ces usagers.