Introduction et but de l’étude: Une analyse récente à l’échelle mondiale montre l’ampleur de l’inégalité en termes d’impact carbone lié à la consommation, les ménages les plus riches émettant nettement plus de gaz à effet de serre que les plus pauvres. Alors que le statut socio-économique est un déterminant connu des consommations alimentaires, et malgré la nécessaire évolution vers une alimentation plus durable, très peu d’études ont exploré les différences socio-économiques de l’impact environnemental de l’alimentation. L’objectif était de comparer les impacts environnementaux de l’alimentation en fonction du statut d’insécurité alimentaire (IA) et du niveau de revenu des individus. Matériel et méthodes: L’impact environnemental de l’alimentation d’un échantillon représentatif d’adultes vivant en France (n=1964) a été évalué à partir des données de l’étude individuelle nationale des consommations alimentaires 3 (INCA3) et de la base AGRIBALYSE® v3.0.1. Quatorze indicateurs d’impact ont été estimés : changement climatique, appauvrissement de la couche d’ozone, exposition aux particules fines, acidification, eutrophisation (eau douce, marine, terrestre), rayonnements ionisants, formation photochimique d’ozone, usage des terres, épuisement des ressources (énergétiques, minéraux, eau), et le score unique Environmental Footprint. Les impacts environnementaux de l’alimentation des individus en situation d'IA (IA sévère et modérée, mesurées par le Household Food Security Survey Module) ont été comparés à ceux des individus en situation de sécurité alimentaire, ces derniers étant répartis par décile de revenu par unité de consommation. Les différences d’impact environnemental (total et par groupe d’aliments) entre ces 12 sous-populations ont été testées par ANOVA après ajustement sur l’âge, le sexe, l’apport énergétique total et le nombre de personnes dans le foyer. Résultats et Analyse statistique: Au total, 3,7% et 6,7% des adultes étaient en situation d’IA sévère et modérée, respectivement. Après ajustement, il n’y avait aucune différence d’impact environnemental entre les 12 sous-populations sauf pour l’épuisement des ressources en eau (p<0.001) et l’eutrophisation des eaux douces (p=0.02), l’impact le plus faible étant observé pour l’IA sévère puis pour les ménages situés dans le 2è décile de revenus. L’analyse à l’échelle des groupes d’aliments a montré que pour ces 2 indicateurs, la différence d’impact était respectivement liée aux groupes « Fruits & légumes » et « Poissons » dont le niveau de consommation et la contribution à l’impact total variaient significativement entre les sous-populations étudiées. Conclusion: L'absence de différence pour la plupart des impacts environnementaux selon les classes d'IA et de niveau de revenu reflète une grande similitude de l’alimentation des sous-populations étudiées, sauf pour les fruits & légumes et le poisson, ce qui se traduit par des différences concernant l’épuisement des ressources en eau et l’eutrophisation des eaux douces, respectivement. Ces conclusions pourraient différer après inclusion de l’impact environnemental du gaspillage alimentaire.