Les Rhynchophoridae sont des Coléoptères phytophages, répartis essentiellement dans les zones tropicales, qui se nourrissent exclusivement des tiges, stipes ou racines de monocotylédones. Seule la tribu des Sitophilini semble être inféodée aux graines de diverses mono et dicotylédones. Bon nombre d’insectes ravageurs de cette famille, et notamment les Sitophilus des Céréales présentent une symbiose intracellulaire. Les bactéries impliquées dans ces symbioses appartiennent au groupe des -Protéobactéries. Elles sont localisées dans un organe spécifique (le bactériome), et sont transmises par hérédité maternelle cytoplasmique via les œufs. Ces bactéries améliorent les traits physiologiques de leurs hôtes, qui vivent généralement sur des milieux nutritionnellement déséquilibrés. Par l’intermédiaire de complémentations métaboliques (acides aminés, vitamines), ces bactéries ont une action sur la fécondité, la durée de développement et le vol des insectes. Ainsi, la symbiose a très certainement joué et joue probablement encore un rôle important dans l’évolution des espèces de Rhynchophoridae. L’étendue de la symbiose dans ce groupe d’insectes en est probablement une illustration, puisque 13 des 14 espèce étudiées se sont révélées symbiotiques. Afin d’estimer l’impact évolutif de la symbiose sur les Rhynchophoridae, nous avons établi, sur la base du gène codant pour l’ADN ribosomique 16S, la phylogénie de leurs bactéries symbiotiques intracellulaires. Cette phylogénie laisse apparaître 3 clades distincts d’endocytobiotes caractérisés par des taux de GC très différents (54, 51 et 40 %GC). Deux de ces trois clades sont localisées dans les Entérobactéries à proximité d’autres endocytobiotes d’insectes. Le troisième clade se trouve proche du groupe Haemophilus/Pasteurella, bactéries parasites intracellulaires auquel aucun endocytobiote connu n’était encore rattaché. La comparaison de l’arbre phylogénétique des insectes hôtes à celui des endocytobiotes, ne relève aucune congruence globale. Sur la base des Caractéristiques moléculaires des 3 clades d’endocytobiotes (taux de GC, taille de génome) ainsi que sur l’analyse phylogénétique (longueur des branches) nous avons émis l’hypothèse que les endocytobiotes du groupe AT riche pourraient être les endocytobiotes issus de l’acquisition ancestrale de la symbiose dans ce groupe d’insecte. Les deux autre clades seraient peut-être le résultat de remplacement plus récent d’endocytobiotes. La complexité de l’histoire évolutive de cette symbiose pourrait également être la marque de transfert horizontaux d’endocytobiotes. L’ensemble de ces hypothèses et des résultats à venir devraient nous permettre d’éclaircir le rôle de la symbiose dans l’adaptation des insectes à leurs milieux et plus particulièrement à leurs plantes hôtes.