Pratiques d’alimentation dans la 1ère année et croissance précoce des enfants de la cohorte nationale ELFE
Résumé
Introduction et but de l’étude : Une croissance accélérée pendant les premiers mois de vie a été reconnue comme facteur de
risque d'obésité future. Par ailleurs, la littérature suggère que l'allaitement serait associé à une croissance précoce ralentie mais
peu d'études ont pris en compte l’alimentation des enfants non allaités exclusivement (utilisation de préparations infantiles, âge
et conduite de la diversification alimentaire). Ainsi, notre objectif était d'analyser le lien entre l’alimentation de la 1ère année et la
croissance jusqu'à 18 mois.
Matériel et méthodes : Les analyses reposent sur les données de 8315 enfants de la cohorte de naissance Elfe. L’alimentation des
enfants a été évaluée chaque mois entre 2 et 10 mois puis à 1 et 2 ans. Les données de croissance présentes dans le carnet de
santé ont été recueillies à 2 mois, 1 et 2 ans puis des courbes individuelles de croissance du poids et de la taille ont été modélisées
à l’aide du modèle de Jenss. De ces courbes, les vitesses de croissance du poids et de la taille à chaque âge ont été calculées. Des
groupes de pratiques alimentaires dans la 1ère année de vie ont été identifiés par classification hiérarchique ascendante à partir
de la durée d'allaitement, l’âge d'introduction des préparations infantiles, des différents groupes d'aliments et des morceaux ainsi
que la fréquence d'utilisation des aliments spécifiques pour bébés. L’association entre ces groupes de pratiques alimentaires et
les variables de croissance des enfants jusqu’à 18 mois a été analysée à l’aide de régressions linéaires ajustées sur les principaux
facteurs de confusion. Une analyse secondaire a consisté à un ajustement supplémentaire sur le poids à 2 mois.
Résultats et Analyse statistique : Sept groupes de pratiques d’alimentation dans la 1ère année ont été identifiés : « diversification
(div.) intermédiaire » (n=3249), « div. tardive/allaitement court » (n=1671), « div. tardive/allaitement long » (n=742), « div.
intermédiaire mais boissons sucrées précoces » (n=615), « div. intermédiaire mais lait de vache précoce » (n=508), « div. précoce »
(n=391) et « div. précoce pour fruits/légumes/viande et allaitement court » (n=1139). En prenant le groupe « div. Intermédiaire »
comme référence, les groupes avec une diversification tardive ont une vitesse de croissance du poids et de la taille plus faible
entre 3 et 12 mois et une vitesse de croissance du poids plus rapide à 18 mois, la taille d'effet étant plus forte dans le groupe avec
un allaitement long. A l’inverse, le groupe « div. intermédiaire mais boissons sucrées précoces » avait une vitesse de croissance
du poids et de la taille plus rapide entre 3 et 12 mois. De plus, les groupes avec une diversification précoce avaient une vitesse de
croissance du poids et de la taille plus rapide entre 3 et 6 mois. Lorsque ces analyses étaient ajustées sur le poids à 2 mois, les
résultats étaient similaires.
Conclusion : Ces résultats confirment le lien entre allaitement et croissance précoce plus faible tout en précisant le rôle de l'âge à
la diversification alimentaire dans cette relation. Il semble donc important de prendre en compte ces autres aspects de
l'alimentation, dans l'étude de l'effet de l'allaitement sur la croissance.