Effet modérateur de l’allaitement et de l’âge à la diversification alimentaire sur l’association entre la susceptibilité génétique de l’enfant à l’obésité et sa croissance précoce
Résumé
Introduction et but de l’étude: Un allaitement court et une diversification précoce sont considérés comme des facteurs
de risque d’obésité ultérieure. Une étude récente a également suggéré que l’allaitement pouvait constituer un facteur
modérateur du lien entre la susceptibilité génétique à l’obésité et la corpulence des enfants, mais les études sur ce sujet
sont peu nombreuses. Notre objectif était de tester l’effet modérateur de l’allaitement et de l’âge à la diversification
alimentaire sur l’association entre la susceptibilité génétique de l’enfant à l’obésité et sa croissance précoce.
Matériel et méthodes: L’étude a été réalisée chez 1208 enfants de la cohorte de naissance EDEN (Étude des
Déterminants pré et post natals de la santé de l’Enfant). Un score de susceptibilité génétique à l’obésité a été calculé à
partir de 16 polymorphismes. Les données sur l’allaitement et sur la diversification alimentaire ont été collectées par
questionnaire à la naissance, puis à 4, 8 et 12 mois, permettant de calculer la durée totale de l’allaitement et l’âge à la
diversification alimentaire. Les données de croissance ont été recueillies dans les carnets de santé à chaque suivi et par
examen clinique à 1, 3 et 5 ans. Les z-scores OMS d’IMC-pour âge ont été calculés à 1, 2 et 3 ans à partir des données
de poids et de taille prédites grâce à des modélisations individuelles (modèle de Jenss-Bayley). Les analyses ont toutes
été stratifiées sur le sexe de l’enfant. Les interactions entre la susceptibilité génétique à l’obésité et les variables
alimentaires ont été testées pour chaque paramètre de croissance considéré avec des modèles de régressions linéaires
ajustées et les analyses ont été stratifiées le cas échéant.
Résultats et Analyse statistique: Chez les garçons, il existe une interaction entre la susceptibilité génétique à l’obésité et
l’allaitement dans la prédiction du z-score d’IMC (p=0,1 à 1 an, 0,02 à 2 ans et 0,006 à 3 ans) : l’association positive entre
la susceptibilité génétique à l’obésité et le z-score d’IMC était retrouvée seulement chez les garçons n’ayant jamais été
allaités. Cet effet modérateur de l’allaitement n’était pas retrouvé chez les filles. Aucun effet modérateur de l’âge à la
diversification alimentaire sur le lien entre la susceptibilité génétique à l’obésité et le z-score de l’enfant n’a été mis en
évidence, chez les filles comme chez les garçons.
Conclusion: L’effet protecteur reconnu de l’allaitement sur l’obésité de l’enfant pourrait donc s’expliquer en partie par son
rôle modérateur sur l’association entre la susceptibilité génétique à l’obésité et la croissance précoce de l’enfant. Des
études supplémentaires sont nécessaires afin d’étudier les mécanismes biologiques expliquant ces résultats.