Méta-analyse sur l’impact des modes de production agricole sur la qualité écologique du sol
Résumé
Le modèle d’agriculture productiviste, développé après la seconde guerre mondiale, a permis
d’augmenter les rendements de façon à répondre à la demande alimentaire croissante mais il a
aussi profondément affecté les propriétés physico-chimiques des sols et leur biodiversité. Pour
réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture conventionnelle et intensive, les acteurs du
monde agricole ont développé des modes de production alternatifs comme l’agriculture biologique
(AB), la biodynamie (ABD) ou l’agriculture de conservation (ACS) qui visent tous à améliorer la
qualité physico-chimique et biologique des sols. Si de nombreuses publications et synthèses
bibliographiques ont évalué l’impact des pratiques culturales sur la qualité biologique du sol, peu
ont considéré l’évaluation systémique de l’impact des modes de production agricole. Ici, nous
avons mené la première synthèse bibliographique internationale qui évalue l’impact de quatre
modes de production sur la qualité écologique du sol grâce à des indicateurs ciblant les grands
groupes d’organismes vivants. Cette étude montre tout d’abord que les modes de production
conventionnel, AB et ABD sont les plus étudiés et comparés entre eux alors que l’ACS est peu
étudié. Les tendances observées indiquent une amélioration d’environ 70 % des bioindicateurs
biologiques en ABD et AB par rapport à l’agriculture conventionnelle. L’ABD montre une amélioration pour 43 % des bioindicateurs en comparaison avec l’AB. De son côté, l’ACS apparait plus
vertueux que l’agriculture conventionnelle pour 57 % des indicateurs mesurés. L’ABD représente donc le mode de production le plus vertueux, suivi de l’AB et l’ACS et enfin de l’agriculture conventionnelle, pour la qualité écologique du
sol. L’analyse fine des pratiques culturales montre que la fertilisation organique et l’allongement de la rotation sont les pratiques les plus
favorables alors que l’application des produits phyto-pharmaceutiques et le travail du sol sont les plus délétères. Cette synthèse permet
aussi de pointer le manque d’études sur l’ACS ainsi que sur certains bioindicateurs de la faune du sol. Elle permet donc d’identifier les
pistes de recherche pour l’identification des modes de production les plus vertueux et innovants et ainsi orienter les décisions politiques
et le conseil agricole dans le sens de la transition agroécologique.