Les haies sont des habitats essentiels pour la faune et la flore dans les paysages agricoles, avec une multifonctionnalité vraisemblablement élevée, c'est-à-dire une capacité d'assurer de multiples fonctions écologiques, agronomiques ou culturelles. Toutefois, nos connaissances restent encore limitées en ce qui concerne les determinants de la multifonctionnalité des haies et les synergies et compromis potentiels entre les fonctions. En particulier, on ne sait pas dans quels paysages les haies soutiennent le mieux une diversité de taxons et de fonctions associées. Nous avons évalué les effets des caractéristiques des haies, des systèmes agricoles adjacents, du contexte paysager et de leurs interactions sur la multifonctionnalité des haies en nous basant sur quatre fonctions écologiques : la conservation de la biodiversité, la pollinisation potentielle, la prédation potentielle et la colonisation par les bio-agresseurs. Nous avons estimé ces fonctions par l'abondance et la diversité des taxons de plantes et d'arthropodes dans 40 haies, en Bretagne (France). Les résultats confirment des études antérieures montrant les effets bénéfiques du recrouvrement en fleurs, de la largeur des haies, de l'agriculture biologique adjacente et d'autres variables liées à la complexité structurelle des haies sur certains taxons et indicateurs de fonctions. Plus important encore, notre étude révèle que les haies sont plus multifonctionnelles dans les paysages avec des réseaux de haies denses (paysages dits "bocagers"), ce qui est probablement le résultat d'une plus grande quantité d'habitats, mais aussi d'une augmentation de la connectivité et de l'hétérogénéité environnementale. En outre, nous observons de faibles corrélations entre les indicateurs de fonctions et davantage de synergies que de compromis en réponse aux variables explicatives, indiquant qu'il est possible d'utiliser différents leviers pour augmenter le fonctionnement écologique global des haies. Nous attirons l'attention sur le fait que la destruction continue des réseaux de haies, incluant des haies larges et structurellement complexes, pourrait conduire à une perte durable voire irrémédiable des espèces et des fonctions écologiques associées, compromettant les efforts de restauration et de replantation.