Les singes écureuils (Saimiri sp.), primates du nouveau monde d'Amérique du Sud, sont très sensibles à la toxoplasmose et de nombreuses épidémies de toxoplasmose mortelle ont été rapportées dans les parcs zoologiques en France et dans le monde. La multiplication incontrôlée du parasite est à l’origine de lésions multiviscérales conduisant à la mort rapide après infection de ces animaux. Les mesures d'hygiène préventives ou les traitements disponibles ne permettent pas de réduire significativement cette mortalité dans les zoos et la mise au point d'un vaccin contre la toxoplasmose semble être une solution. Ces dernières années, nous avons développé en collaboration avec la Biotech Vaxinano un vaccin nasal composé d'extrait total de protéines solubles de T. gondii associées à des nanoparticules de maltodextrine. Ce vaccin a démontré son efficacité contre la toxoplasmose dans des modèles expérimentaux murins et ovins. En collaboration avec des parcs zoologiques français, ce candidat vaccin a été utilisé, selon un calendrier vaccinal défini et sous couvert de la cascade vétérinaire, pour vacciner une soixantaine de saïmiris depuis 2017. Le protocole complet de vaccination comprend deux pulvérisations intranasales à un mois d'intervalle suivies de deux pulvérisations intranasales associées à une injection sous-cutanée à 6 et 12 mois. Les réponses immunitaires humorales et cellulaires ont été suivies jusqu'à un an après la dernière vaccination. La vaccination a induit une réponse immunitaire humorale faible et une réponse immunitaire cellulaire durable médiée par la sécrétion spécifique d'IFN-γ par les PBMC. De plus, aucune mortalité due à la toxoplasmose n'a été constatée depuis l’introduction de la vaccination suggérant l’efficacité de cette vaccination. En parallèle, et afin de mieux appréhender les mécanismes moléculaires de la sensibilité des saïmiris, nous avons étudié la reconnaissance des PAMPs de T. gondii par les récepteurs de l'immunité innée de l’hôte. Nos travaux ont montré que la reconnaissance du parasite par les récepteurs de type Toll (TLRs 1/2; 4 ; 8 et 9) ainsi que les récepteurs de type NOD (NLRP3), participaient à la mise en place de la réponse innée chez le saïmiri. Ces travaux préliminaires n’ont pas mis en lumière l’existence d’un défaut de reconnaissance du parasite mais étendent les connaissances sur la réponse immunitaire innée des saïmiris.