Les vésicules de la bordure en brosse de l’épithélium intestinal : un outil d’étude de la digestion dans le lumen
Abstract
Introduction et But de l’étude. – Bien que la digestion gastro-intestinale des protéines alimentaires qui fait intervenir des protéases d’origines gastrique (pepsine) et pancréatique (trypsine, chymotrypsine, élastase, carboxypeptidases A et B) a été abondamment étudiée, l’action des multiples peptidases intestinales des entérocytes de la membrane de la bordure en brosse (MBB) a fait l’objet de peu d’études. Cette lacune empêche d’avoir une vue globale et complète de la digestion et de l’absorption des protéines.
Matériel et Méthodes. – Pour mimer l’action des enzymes digestives de l’intestin grêle, nous avons utilisé les vésicules de la membrane de la bordure en brosse (VMBB), vésicules habituellement utilisées pour étudier le transport intestinal. Nous avons ainsi exploité l’avantage de cet outil qui présente toutes les enzymes impliquées dans la digestion des nutriments. Ces vésicules ont été préparées à partir de la muqueuse intestinale de l’intestin grêle de porc, animal dont les enzymes digestives sont les plus proches de celles de l’homme. Afin d’appréhender la digestion des peptides porteurs de modifications post-traductionnelles (glycosylations, phosphorylations) nous avons choisi le caséinomacropeptide (CMP), peptide dérivé de l’hydrolyse gastrique de la caséine kappa du lait et porteur de multiples activités biologiques : inhibition des sécrétions gastriques et stimulation des sécrétions pancréatiques, activités antimicrobiennes, immunostimulantes et antithrombotiques. Le CMP non glycosylé (CMP0) et ses différentes formes glycosylées (GMPs) ont été digérés pendant 24 heures à 37 °C par les enzymes digestives des VMBBs.
Résultats. – Les résultats ont montré que les deux substrats sont digérés selon des cinétiques différentes. Alors que l’activité des exopeptidases est similaire sur les deux substrats, l’activité des endopeptidases sur le GMP est limitée, certainement par la présence des O-glycosylations. De façon originale, les VMBBs ne semblent pas porteuses de glucosidases capables de dégrader les liaisons O-glycosidiques avec un acide neuraminique en position finale. Il apparait également que la nature des chaines glycosylées ainsi que le nombre de ces chaines attachées à la molécule modifient la cinétique : les formes les plus lourdement chargées sont les plus lentement digérées. Les glycosylations persistent donc au cours du process de digestion, même après l’action des enzymes de l’épithélium.
Conclusions. – Les VMBBs de porc constituent un outil adapté à l’étude de la digestion au niveau des cellules épithéliales intestinales, et permettent d’obtenir des informations pertinentes et extrapolables à la digestion chez l’homme.