Accessibilité de la restauration scolaire - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2022

Accessibilité de la restauration scolaire

Résumé

La restauration scolaire concerne en France environ 60% des enfants scolarisés (CNESCO, 2017), avec de fortes disparités territoriales. La mise à disposition d'un service de restauration scolaire est sous la responsabilité des communes. Dans un certain nombre de communes rurales ou périurbaines, le service de restauration scolaire n'est pas proposé aux familles, faute de structures d'accueil, de compétences ou de moyens dédiés (Math, 2019). Ce fait a freiné la mise en place en France d'un caractère réglementaire à la fourniture d'un repas aux enfants, du fait de l'impossibilité de certaines communes à se soumettre à cette obligation. De fait, la fourniture du repas reste au bon vouloir des collectivités mais le domaine de l'organisation de la restauration scolaire est néanmoins fortement réglementé par différents dispositifs incitatifs puis réglementaire, comme par exemple récemment les lois Egalim et Climat et Résilience. La réglementation impose en particulier des critères à atteindre pour la composition des menus au cours d'une série de 20 repas, comme par exemple la mise à disposition d'entrées à base de crudités, légumes ou fruits pour au moins 10 repas sur 20. Des études récentes ont analysé l'atteinte de ces critères dans le cas des menus d'une centaine de municipalités de la région Parisienne et montrent que le degré d'atteinte de ces critères varie fortement selon les caractéristiques des municipalités (Chiaverina et al., in press). Ainsi l'accessibilité à une restauration scolaire de qualité dépend de caractéristiques structurelles s'exerçant au niveau des collectivités, ce qui est susceptible d'affecter les familles habitant ces collectivités. Dans les communes où le service est proposé le taux de fréquentation de la restauration scolaire peut varier fortement d'un quartier à l'autre, notamment en fonction des caractéristiques socio-culturelles des habitants de ces quartiers. Les élèves issus de milieux défavorisées sont 40% à ne pas manger à la cantine contre 22% dans ceux issus de milieux favorisés et 17% issus de milieux très favorisés (Cnesco, 2017). Un travail de recherche a creusé les interprétations autour de ces observations et a montré que la principale raison avancée pour ne pas manger au restaurant scolaire est la présence au domicile d'une personne qui prépare le déjeuner (56% quel que soit le niveau scolaire). Ensuite, pour les élèves de maternelle et primaire, sont citées par ordre décroissant la proximité entre l'école et le domicile, le souhait de l'enfant de ne pas déjeuner au restaurant scolaire et le prix jugé élevé des repas scolaires (Dubuisson, 2013). Des observations plus récentes montrent que le taux de fréquentation est d'autant plus faible que les écoles sont situées dans des quartiers où le taux de repas « sans porc » est important (observation personnelle). Ainsi, au-delà des facteurs socio-démographiques, on observe que le facteur culturel introduit une différenciation marquée de l'accessibilité à la restauration scolaire. Certaines municipalités ont opté, suite à la crise covid, pour une baisse des tarifs de la restauration scolaire qui étaient déjà pourtant indexés sur les niveaux de revenus des parents. Il reste à comprendre les conséquences de cette politique tarifaire, mais on peut parier que les facteurs individuels listés ci-dessus restent des marqueurs de différenciation de la restauration scolaire très importants. Enfin, nous manquons encore de recul pour comprendre comment la flambée des prix alimentaires liée à la guerre en Ukraine va affecter l'offre alimentaire en restauration scolaire. Le budget dédié à la restauration scolaire n'est généralement pas une variable d'ajustement dans un système déjà largement subventionné ; il importe donc de comprendre qui sera amené à payer pour a minima un maintien de la qualité de l'offre en restauration scolaire. RéférencesCNESCO, 2017. Qualité de vie à l'école. Enquête sur la restauration et l'architecture scolaire, octobre 2017, 36 pagesAntoine Math, 2019. L'accès à la cantine scolaire pour les enfants de familles défavorisées. Un état des lieux des enjeux et des obstacles. Institut de Recherches Economiques et Sociales, document de travail 01-2019. 52 pages.Carine Dubuisson, 2013. Restauration scolaire et alimentation des enfants et des adolescents en France : état des lieux et efficacité de la réglementation. Associations entre la fréquentation des restaurants scolaires et les caractéristiques sociodémographiques des enfants et adolescents., Thèse de doctorat, Abies. 189 pages.Pierre Chiaverina , Emmanuel Raynaud, Marie Fillâtre, Sophie Nicklaus and Valentin Bellassen. The drivers of the nutritional quality and carbon footprint of school menus in the Paris area. Journal of Agricultural & Food Industrial Organisation, sous presse.Remerciements : Justine Dahmani, Lucile Marty, Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation ; Service de restauration scolaire de la ville de Dijon.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04192293 , version 1 (31-08-2023)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04192293 , version 1

Citer

Sophie Nicklaus. Accessibilité de la restauration scolaire. Conférence FFAS : Quelles orientations et mutations pour le système actuel d'aide alimentaire ?, Fonds Français pour l'Alimentation et la Santé (FFAS), Jun 2022, Paris & en distanciel, France. ⟨hal-04192293⟩
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