"Rusticité, robustesse, résilience, adaptation" Quelle est la vision de la communauté des généticiens sur ces concepts ?
Résumé
Pour les généticiens, rusticité, robustesse, résilience et adaptation sont des concepts ayant pour point commun la sensibilité à l'environnement, mais qui diffèrent selon l'unité et l'échelle de temps considérées. Au sein de la communauté, il existe maintenant un consensus pour les définitions de résilience et robustesse. La résilience peut être définie comme la capacité d'un animal à minimiser les impacts des perturbations environnementales ou à revenir rapidement à l'état antérieur à la perturbation(1). La robustesse quant à elle correspond à la capacité d'un animal à exprimer son potentiel de production dans une grande variété d'environnements sans que cela ne compromette sa reproduction, sa santé ou son bien-être(2). Les deux définitions correspondent à la sensibilité environnementale de l'animal. Pour la résilience, il s’agit là d’une vision à court terme de la réponse de l’animal face à des variations de milieu qui se mesure en étudiant l’évolution d’un phénotype (souvent de production) dans des environnements variés. Des méthodes particulières d’étude du phénotype sont alors mises en place pour obtenir une prédiction du potentiel génétique de résilience. La robustesse est plus globale. Elle concerne l’ensemble des fonctions de l’animal et s’exprime sur le long terme. La sélection pour une meilleure robustesse est réalisable en utilisant un index combinant les différentes fonctions, en sélectionnant sur un phénotype regroupant toutes ces fonctions tel que la longévité fonctionnelle ou en s’intéressant aux régulateurs de l’équilibre entre ces fonctions. L'adaptation correspond à l’ensemble des mécanismes mis en œuvre pour permettre le maintien d’une population face à un changement de milieu de vie. Cette définition ne se rapporte plus à l'animal mais à un groupe d'animaux et à son évolution sur du long terme sur plusieurs générations. L’adaptation suppose une réponse « rapide » de la population ; elle implique donc les mécanismes non-génétiques d’adaptation (marques épigénétiques, culture et microbiote) qui sont transmis d'une génération à la suivante le temps que la génétique se mette en place. On parle aussi de transmission de phénotypes acquis ou encore transmission des effets du milieu. Les caractères permettant le maintien de la population sont ceux de la robustesse (reproduction, santé). Une population qui se serait adaptée naturellement, ou avec une pression de sélection artificielle limitée, aux conditions de milieu difficiles d'un territoire précis pourrait être qualifiée de rustique. Il s'agit d'un concept pour lequel il est encore difficile d'obtenir un réel consensus au sein de la communauté des généticiens. Néanmoins, l'image de ces races rustiques est celle d'animaux peu productifs, car élevés en milieu difficile et nécessitant très peu d'intervention humaine car adaptés à leur milieu de vie.
(1)Colditz, I. & Hine, B. (2016). Resilience in farm animals: Biology, management, breeding and implications for animal welfare. Animal Production Science. 56. 10.1071/AN15297.
(2)Knap PW 2005. Breeding robust pigs. Australian Journal of Experimental Agriculture 45, 763–773.
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