Depuis une vingtaine d’années, les Short Food Supply Chains (SFSC), font l’objet d’un regain d’intérêt parmi les agriculteurs à l’échelle mondiale. Rapprochant consommateurs et producteurs, ces circuits de commercialisation sont promus comme permettant une meilleure récupération de la valeur ajoutée. Ils sont posés en élément de réponse face aux problèmes liés aux filières longues. Commercialiser via des SFSC amène cependant les agriculteurs à prendre en charge de nouvelles tâches, susceptibles de bouleverser leur travail. Nous proposons ici de faire l’état des connaissances scientifiques disponibles sur le travail des agriculteurs en SFSC. Nous procédons à une analyse systématique de la littérature anglophone via un cadre analytique multidisciplinaire du travail. Nous considérons cinq dimensions du travail : 1) des éléments structurels du travail ; 2) la performance économique du travail ; 3) l’organisation du travail ; 4) les conditions de travail ; 5) le métier. La thématique du travail n’est pas au coeur de la littérature autour des SFSC. Si la hausse du revenu généré par le passage en circuits courts fait débat, il est clair que la commercialisation en SFSC repose sur une quantité de travail élevée et mal rémunérée. De nouvelles tâches sont à insérer dans les calendriers de travail et requièrent de nouvelles compétences, ce qui complexifie l’organisation au travail aussi bien productif que commercial. Diverses catégories de travailleurs participent à la mise en oeuvre de ces tâches et supportent une charge de travail conséquente, source de stress et de fatigue. À l’exception du volet économique, les circuits courts semblent cependant favorables à l’épanouissement au travail des agriculteurs. Aux prises avec un travail exigeant intellectuellement et physiquement, étant plus connectés aux consommateurs et participant à la transition des systèmes alimentaires, ces derniers sont ainsi particulièrement satisfaits de leur implication dans les circuits courts.